Avec une légèreté incroyable, les plus grands organismes bancaires américains impliqués dans les crédits immobiliers - les fameux subprimes -, cause première de la crise financière mondiale qui a éclaté en 2008, ont fait procéder cette année, sans la moindre vérification préalable, à la saisie de centaines de milliers de logements dont les propriétaires avaient été pris en défaut de remboursement des crédits obtenus.
La banque centrale, Bank of America, a fait suspendre dans 23 États la poursuite des saisies jusqu'à vérification des procédures.
On estime à 80 % environ les cas d'expulsions décidées, sans vérification préalable des dossiers, contre des propriétaires défaillants.
JPMorgan Chase, en particulier, reconnaît que ses employés "pourraient avoir signé des déclarations sur des documents liés à des prêts sur la foi de revues réalisées par d'autres employés, sans vérifier personnellement ces dossiers".
Le scandale a pris forme par suite de la déclaration de l'organisme de crédit Ally Bank - ex General Motors GMAC, reconnaissant la semaine dernière l'existence d'"erreurs de procédure" dans la signature au pied levé de déclarations liées à certaines saisies.
Dans un pays dominé par le chômage, cause non négligeable, considère-t-on, des défaillances relevées en matière de remboursement des crédits, un manquement aussi criant des banques aux règles de procédure fait naturellement scandale. Aussi, s'attend-on à des amendes et sanctions devant frapper les banques concernées, sans toutefois espérer l'arrêt des saisies, les mensualités parvenues à échéance restant toujours dues, estiment les spécialistes.
Les États entendent engager, eux, des poursuites contre les banques, d'un côté, et exiger, de l'autre, pour certains, le gel des saisies temporairement jusqu'à clarification complète des dossiers.