L'on se rappelle, durant le règne de la clique Bush, les quelques cris d'orfraie sans lendemain soulevés de par le monde après la révélation de l'utilisation par la CIA de bases de transit dans de nombreux pays tiers pour l'interrogatoire musclé d'islamistes arrêtés ici ou là avant leur transfert à Guantanamo. Szymany (Pologne), Bucarest, Rome, Londres, Le Caire, Alger, Rabat, Amman, Bagdad et d'autres capitales encore sans doute étaient du nombre de ces escales où atterrissaient régulièrement des avions de la CIA pour livrer leur cargaison de prisonniers à des tortionnaires locaux qui les prenaient en charge.
Sur la plainte de cinq détenus affirmant par suite avoir été arrêtés sans raison et torturés sauvagement dans ces cachots indignes d'une soi-disant civilisation à la pointe du progrès, une cour fédérale américaine s'était chargée d'ouvrir une enquête et de faire la lumière sur ces débordements qui n'honoraient ni les USA et leurs alliés ni les pays tiers ayant coopéré avec eux en mettant équipements et hommes à leur disposition.
Hier, cette cour a rendu son verdict final en classant cette affaire pour raison d'État. Autrement dit, les centaines de détenus, le plus souvent innocents, qui sont passés par ces centres de tortures n'ont plus que leurs yeux pour pleurer. Washington, première puissance mondiale, fait sa loi sur la planète entière et aucune protestation n'est recevable, au prétexte que sa sécurité passe avant toute autre considération. Pour preuve, d'ailleurs, existe-t-il seulement, depuis que cette affaire a été mise au jour, la moindre velléité de dire non à une telle injustice, y compris chez les soi-disant organisations humanitaires qui pullulent à travers le monde et ne haussent le temps que pour flétrir des abus signalés dans le Tiers-Monde ?