Après l'avoir réduite au silence dès son arrivée au pouvoir, il y a maintenant 11 ans, Bouteflika réactive la Cour des comptes qui l'avait jugé personnellement en 1981/82 pour les détournements qu'il avait commis comme ministre des Affaires étrangères sous le régime de Boumediene. Il faisait alors transférer les soldes budgétaires des ambassades algériennes dans ses comptes personnels ouverts en Suisse.
Condamné par cette cour, non pas à moisir en prison comme mérité, mais à rembourser la bagatelle de 11 ou 12 milliards de l'époque, Bouteflika aurait effectivement dédommagé le trésor public de la moitié de cette somme mais renoncé à se libérer de l'autre moitié, estimant que d'autres ministres pris également la main dans le sac doivent aussi restituer l'argent volé.
La décision de rétablir la Cour des comptes dans ses prérogatives a donc été prise en conseil des ministres tenu hier sous la présidence de Bouteflika.
En sus de ses responsabilités statutaires, la Cour aura à se préoccuper désormais de la lutte contre la corruption et autres pratiques de fraudes diverses portant atteinte au patrimoine de l'État.
C'est sans doute sous la pression des organisations internationales choquées par l'immense gabegie qui entoure la gestion des affaires publiques algériennes que Bouteflika s'est résolu, certainement à contrecœur, à réhabiliter la Cour des comptes.