Ecrit par son propre fils, Mohand Saïd, l'ouvrage publié sous le titre "Mohand Saïd raconte Amghar", avait pour ambition de rendre hommage au dernier chef de la Wilaya III historique, le colonel Mohand Oulhadj, décédé il y a quelques décennies déjà.
Amghar, en kabyle, veut dire "vieux". Et c'était sous ce vocable affectueux et chargé de respect que ses compagnons d'armes désignaient leur aîné, Mohand Oulhadj, qui avait, en s'engageant dans le combat pour la libération du pays, aussi ramené ses deux enfants à ses côtés. Devenus officiers eux aussi, ils ont eu, comme leur père, la vie sauve après de longues et très dures années de maquis en Kabylie.
Sans préjuger du contenu de l'ouvrage tout nouveau, qui semble avoir été mis en vente tout récemment, il semble que l'auteur y ait commis la grave impudence de rendre en même temps hommage à un grand traître de la cause algérienne pour laquelle des dizaines voire des centaines de milliers d'Algériens ont péri sous la torture ou les balles des soldats français. Il s'agit d'Ali Chekkal, un député ayant combattu vivement le FLN jusques et y compris devant l'Assemblée générale de l'ONU pour exprimer son attachement à la France colonisatrice.
Cet ennemi public, exécuté par le FLN en mai 1957, sous les yeux de Jacques Soustelle, ancien gouverneur de l'Algérie, qui l'accompagnait au Stade de Colombes à Paris, a été gratifié du même hommage que d'autres compagnons que l'auteur de l'ouvrage cite page 197.
Un ancien responsable de la Fédération de France du FLN que cet hommage aussi déplacé qu'incongru a profondément indigné s'est fendu d'une contribution publiée dans TSA qui mérite d'être rapportée ici. A coup sûr, elle ne manquera pas de susciter de sérieuses réactions du public qui est loin d'oublier les débordements criminels de toute l'engeance qui a gravité autour du système colonial pour le défendre : élus de circonstance, harkis et autres traîtres à la cause nationale.
Nous ne manquerons pas, le moment venu, d'apporter une touche sur le fond et l'essence même du livre.
Voici donc la contribution en question :
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Livre sur le colonel Mohand Oulhadj : quand la "mémoire" fait défaut
Un livre sur un pan de l’histoire de la Wilaya III vient de paraître aux éditions « Le Savoir ». Un livre qui logiquement devait nous relater des faits véridiques de ce que nos combattants de la Liberté on vécu. L’auteur de ce livre qui n’est autre que le propre fils du sage et valeureux Colonel Mohand Oulhadj, à savoir Akli Mohand Saïd, lui également officier de l’Armée de Libération Nationale (ALN) et non moins membre du Conseil National de l’Organisation Nationale des Moudjahidine. L’ouvrage en question s’intitule : « Si Mohand Saïd raconte Amghar ».
A la page 197, l’auteur, et à contre sens du fait historique écrit : « Je rends un vibrant hommage à tous les compagnons vivants ou morts, à tous ceux qui ont lutté, qui se sont sacrifiés pour libérer ce pays qui nous est très cher. Je cite en exemple quelques figures avec lesquelles j’ai partagé des moments difficiles :
- Iazourene Larbi dit si Larbi (zone 3 région 4 ) originaire de ladjenat de Timizart douar Ait Djenad
- Chekini Mohand Saïd fidaï Ait Bouiadda
- Belkacem Hanafi dit El Habachi lieutenant de l’A.L.N
-Oussaid Hocine, sous lieutenant de l’A.L.N
- Ali Chekkal, exécuté à Paris
- Bakouche Mohand ouamar né le 29.01.1931
- Abdat Saadi fidaï du village Ifigha
N.B : que me pardonnent ceux que je n’ai pas mentionné : ce n’est pas par oubli ni par négligence.
En ma qualité de cadre de l’ex Fédération du F.L.N en France et actuellement Secrétaire National à l’Organisation Nationale des Moudjahidine, je suis indigné et scandalisé par la lecture du passage relatif au traître Ali Chekkal. Et, de ce fait, je me vois obligé, par devoir de mémoire, envers nos combattants et particulièrement le regretté Colonel Mohand Oulhadj, d’apporter les éléments et arguments sur les errements, pour ne pas dire tout bonnement, les divagations historiques de l’auteur.
En effet, je constate avec une amertume inégalée que le traître Ali Chekkal est porté aux cimes des valeureux fils d’Algérie par l’auteur.
Pour rappel et pour l’Histoire, il est aussi important qu’urgent de faire connaître à l’ensemble des Algériennes et des Algériens qui est Ali Chekkal, auquel l’auteur rend un vibrant hommage et le présente comme son compagnon :
-Ali Chekkal est le vice-Président de l’Assemblée algérienne de l’époque des années de braise ;
-Ali Chekkal a fait partie de la délégation française qui s’est rendu à l’Organisation des Nations Unies pour défendre la position de la France contre le F.L.N ;
- Ali Chekkal a été condamné à mort par le F.L.N. Il a été abattu le 26 Mai 1957 en plein stade de Colombes pendant qu’il se trouvait aux côtés du Président de la République française, René Coty par le fidaï Mohamed Bensaddok ;
-Ali Chekkal a eu droit à des funérailles officielles en hommage par le gouvernement français en tant que première victime de l’intégration.
De plus, dans l’ouvrage il est écrit que Ali Chekkal a été exécuté à Paris. L’auteur laisse paraître un amalgame de taille. En effet, un lecteur non averti comprendrait que Ali Chekkal a été exécuté par la France et, par conséquent, il le ferait passer pour un martyr de la révolution.
Je voudrai demander à l’auteur de « Si Mohand Said raconte Amghar » qui a osé rendre un vibrant hommage à ce célébrissime traitre de la révolution de nous éclairer et ce, pour l’exigence de l’histoire, où il aurait été son compagnon. La Fédération du F.L.N en France, aurait-elle donc exécuté un patriote ?
Ah ! L’Histoire quand elle divague, elle peut charrier une montagne de mensonges et les présenter comme vérités. Heureusement que des témoins de l’Histoire de notre glorieuse révolution, dont Mohamed Bensaddok, sont encore de ce monde et, à coup sûr, corrigeront les errements de certains écrivains un peu pressés sur la plume.
*Cadre de l’ex Fédération du F.L.N en France
- Secrétaire National à l’Organisation Nationale de Moudjahidine