Placé sur le même pied que Lagos, Accra ou une autre capitale africaine, Moscou entend réagir avec fermeté contre la liberté que s'octroie Washington d'arrêter en terrain étranger un Russe, avec de possibles comparses d'ailleurs, de transférer l'ensemble ensuite aux USA. Le plus incompréhensible est que les Américains se soient permis de s'exonérer du devoir, conformément aux règles de droit international, d'en aviser les autorités russes et sans doute aussi les gouvernements dont relèvent les autres trafiquants de drogue arrêtés à Monrovia par leurs services.
C'est le 28 mai dernier, indique une dépêche AFP reprise par Le Monde, qu'un certain Konstantin Iarochenko, pilote d'un avion cargo, a été arrêté à Monrovia, au Libéria, puis transféré aux Etats-Unis.
"Il s'agit de facto de l'enlèvement d'un citoyen russe sur le territoire d'un Etat tiers", proteste, dans un communiqué publié hier, le ministère russe des Affaires étrangères, qui ajoute avec regret : "Les autorités américaines n'ont pas informé la représentation diplomatique russe de l'arrestation de Konstantin Iarochenko. Le transfert secret et forcé par les services secrets américains de notre citoyen de Monrovia à New York peut être considéré comme un acte arbitraire délibéré."
Selon le journal, le ministère libérien de la Défense avait annoncé, le 1er juin, l'arrestation et l'extradition vers les USA de 7 trafiquants de narcotiques, avec 4 tonnes de cocaïne destinées au marché américain. La drogue, d'une valeur de 100 millions $, provenait de Colombie et était traitée par des trafiquants de "Russie, du Ghana, du Nigéria et de la Sierra-Leone", a précisé" le ministère.
Le 28 juin, l'ambassade russe à Washington décidait par écrit d'exiger des explications de la chancellerie américaine, à propos de son ressortissant. Ne voyant rien venir, sans doute, l'ambassadeur a profité d'une rencontre quelques jours plus tard avec le secrétaire d'Etat adjoint pour renouveler sa demande, en lui rappelant qu'il était "indispensable de respecter sans condition les procédures juridiques" à l'égard du ressortissant russe. Le 14 juillet, c'était au tour de l'ambassadeur américain à Moscou d'être saisi de la protestation russe qui considérait les agissements américains comme inadmissibles dans cette affaire.