C'est une fort bien curieuse initiative qu'a eue Nicolas Sarkozy d'inviter au défilé du 14 juillet les armées de 13 pays africains anciennement sous domination coloniale française.
Ainsi, 400 soldats de ces armées africaines différentes étaient là, défilant avec les couleurs de leurs pays respectifs, sous forme de petits détachements, et présentant leurs honneurs à une foule d'invités dont leurs chefs d'Etat respectifs assis aux premiers rangs dans les tribunes.
Le président français a-t-il voulu corriger, ce faisant, la bourde de septembre 2007 commise à Dakar quand il fustigeait les Africains pour leur non-existence devant l'histoire ? Cela est d'autant plus plausible que l'homme est connu pour sa versatilité et surtout pour son rejet de l'Afrique tout entière. Tout le tapage fait en France autour de l'identité nationale en est témoin, qui donne la distance prise réellement vis-à-vis de l'Afrique et de ses problèmes, ignorant ainsi l'origine coloniale et postcoloniale de ceux-ci.
La Françafrique, si chère à Foccart, son fondateur et ancien collaborateur de de Gaulle, est toujours là présente pour montrer combien il est difficile aux dirigeants français de laisser les Africains se débrouiller seuls, en s'abstenant d'exercer sur eux des pressions multiformes motivées en réalité par le seul besoin de contrôler leurs Etats et de les spolier plus librement de leurs richesses.
C'est à croire qu'en tombant en 1989 le rideau de fer qui avait divisé le monde en deux pôles distincts subsiste toujours pour justifier à perpétuité l'emprise de tel ancien colonisateur sur un territoire qui est désormais libéré, afin de continuer à l'essorer avec la complaisance de pantins qu'il choisit lui-même à sa tête.
L'on sait, dans cet ordre d'idées, que des chefs d'Etat africains aux mains tachées de sang de leurs concitoyens ou qui ont vidé délibérément les caisses de leur pays pour s'acheter des biens en France même continuent à recevoir au grand jour le soutien, la protection et la bienveillance de l'Elysée depuis des décennies déjà.
Des organisations humanitaires diverses ont profité de cette occasion qui tombe à point pour rappeler les dirigeants français à leurs responsabilités. Elles leur font comprendre qu'en feignant d'ignorer les crimes et autres débordements inacceptables imputés à leurs protégés africains, ils font preuve en vérité d'un mépris total pour les droits de l'homme et la justice. Elles insistent particulièrement sur le fait que tous les chefs d'Etat invités sont en réalité des gens passibles de lourdes peines de prison, à raison des crimes divers qui les désignent. Et Sarkozy en les accueillant avec autant d'honneurs immérités, insulte en même temps au droit des Africains à faire entendre leur voix, celle de la raison et de la justice.