Invité à Paris pour la fête du 14 juillet, le roi Abdallah a décliné l'offre de Sarkozy. Ce dernier comptait l'inclure parmi les nombreux chefs d'Etat africains de la "Françafrique" associés à ces festivités en l'honneur du cinquantenaire des indépendances de leur pays.
En réalité, des raisons bien profondes motivent cette décision, selon de nombreux observateurs.
Du côté de Riadh, si l'on apprécie peu que sa majesté se mette au même plan que ces responsables africains à la réputation plus ou moins équivoque, on accepte moins encore qu'une telle rencontre soit organisée en l'honneur de la chute de la monarchie, ce qui est loin d'être du goût d'une dynastie arabe se disant pérenne et dont on connaît assez l'ancrage à la fois religieux et historique.
Du côté de Paris, les propos irréfléchis et considérés comme inacceptables tenus par le roi - et répétés le 5 juin dernier au ministre Hervé Morin lors de sa visite -, remettant en cause l'existence d'Israël surtout, portent une grave atteinte à la considération qu'a toujours réservée le gouvernement français à l'endroit de l'Arabie saoudite. En disant : « Il y a deux pays au monde qui ne méritent pas d’exister : l’Iran et Israël », Abdallah a offensé profondément Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, dont il n'ignore sans doute pas les origines juives qui sont les leurs.
Et l'on sait que depuis 1948 l'ensemble des Etats occidentaux, mais aussi la Chine et la Russie, s'échinent tambour battant à faire admettre par force au besoin au monde arabe qu'Israël, créé sur les terres arabes, doit y rester quoi qu'il arrive et quel qu'en soit le prix à payer.
Il semble, par ailleurs, que le déballage sur la place publique des dessous-de-table versés dans le contrat des frégates de Taïwan aurait profondément choqué le régime saoudien, en ce sens que d'autres dessous-de-table beaucoup plus importants encore ont aussi arrosé copieusement le roi et sa suite, à travers les contrats d'armement signés avec Paris.
Enfin, quand la presse, particulièrement française, a fait état de la récente prise de position de Riadh au sujet de l'autorisation accordée à Tel Aviv pour survoler son territoire afin d'aller détruire les installations nucléaires iraniennes, le royaume, qui mesure le discrédit ainsi apporté autour de lui dans le monde arabe, s'est trouvé acculé à se dédire.
Nous avons donc autant de motifs jugés sérieux qui expliquent le renvoi sine die de la visite d'Abdallah, roi d'Arabie, à Paris.