A l’occasion des travaux de la 9e Journée internationale de déontologie médicale, tenue à Constantine, le Dr Bekkat, président du Conseil national de l’Ordre des médecins a révélé que 50 médecins sont actuellement incarcérés pour des motifs liés à des fautes professionnelles et qu’en plus 500 plaintes ont été enregistrées contre d’autres praticiens durant les quatre années du précédent mandat.
Plus gravement encore, le conférencier a laissé entendre que ce dernier chiffre ne reflète pas la réalité, étant donné que nombre d’autres patients victimes de fautes médicales restent jusqu’ici dans l’ombre, dans un cas, préférant simplement se résigner plutôt qu’affronter des procédures longues et dissuasives devant les tribunaux et, dans un autre, parce qu’ils ignorent l’existence du dispositif pénal qu’ils peuvent mettre en branle.
Il a déploré, par ailleurs, que le Conseil de l’ordre soit tenu à l’écart des décisions prises bien souvent contre des médecins, notamment sur des cas de faute professionnelle, et ce, en dépit des dispositions légales de la loi 90-17 qui l’impliquent formellement, d’autant qu’il détient les pouvoirs exécutoires de sanction et de radiation. De la même façon, il s’en est pris aux pouvoirs publics qui ne se donnent même plus la peine de consulter le Conseil de l’ordre avant de promulguer règlements ou lois touchant directement à la profession.
Dans cet ordre d’idées, d’ailleurs, un intervenant, le Dr Khadir a même fustigé les conditions qui ont présidé à la promulgation de la loi concernant le trafic et la consommation de drogue : "Cette loi est prise en douceur sous la pression de la police et les médecins doivent désormais faire très attention parce que la prescription des psychotropes peut être assimilée et punie comme s’il s’agissait de stupéfiants". Et le cas d’un psychiatre, placé en détention provisoire, pour avoir dérogé à cette loi, a été mis en exergue, pour attirer l’attention sur la nécessité d’associer le Conseil de l’ordre à l’examen de tout projet de réglementation mettant en cause la responsabilité des médecins.
Enfin, la réunion s’est achevée sur l’examen de la question des autorisations d’exercice de la profession à des étrangers installés dans le pays. Le Conseil de l’ordre a estimé à ce propos que ce type d’autorisation est à lier impérativement à l’exigence de réciprocité au profit des médecins algériens voulant exercer dans les pays d’origine des demandeurs.