De temps à autre, Benbitour réapparaît, en coup de vent, sur la scène politique, pour tirer à boulets rouges sur le pouvoir en place. Certes, c’est son droit de s’exprimer dans le sens qui est le sien, comme c’était aussi son droit hier d’applaudir ce même prince à l’avènement duquel il avait pourtant fortement contribué.
Malheureusement, ce dont souffre le pays depuis l’indépendance, c’est qu'il a trop souvent en face de lui des responsables qui disent, aujourd’hui, c’est blanc, et demain, c’est noir, sans se donner la peine de mesurer les conséquences d’un revirement aussi brutal et aussi net de leur position. Ainsi, ils prennent vraiment les gens pour des jouets...
Plus gravement encore, vus sous leur angle, nous paraissons encore comme des espèces d'analphabètes obtus auxquels il faut apprendre les premiers rudiments de la politique. Hier, Bouteflika nous assommait de ses réprimandes parce que nous n’avions pas su nous opposer à son ennemi, Chadli, et moins encore nous en défaire, comme il nous interdit, aujourd’hui, de l’éjecter lui-même de son fauteuil qu’il n’a pas les capacités ou les compétences requises d'occuper valablement. De même, Benbitour, qui vantait hier les mérites de son maître, se retourne aujourd’hui contre lui ; mais, comme lui-même a été, de la même façon sensiblement, élevé tout à fait accidentellement aux hautes fonctions qui ont été un temps les siennes, il se trouve désormais dans l'incapacité de pouvoir regagner son siège, sauf à tenter de se servir de l'appui du peuple pour atteindre son but. A lui aussi, nous disons tout simplement : «Fakou ! »
Il n’est pas nécessaire, du reste, d’être un grand spécialiste de l’économie pour montrer au peuple qu’il est mené à la dérive. Il suffit d’aller au marché et de constater en faisant simplement ses provisions que depuis l’arrivée de Bouteflika, le sucre a vu son prix multiplié par 3, le café par 2, les patates par 4, la tomate par 3, etc., sans compter, bien sûr, les augmentations décidées d’autorité par Sonelgaz sur l’électricité, l’EPEAL sur l’eau, Air Algérie, sur ses billets d’avion, etc., etc.
Dans les pays qui se respectent, toute augmentation de prix des produits notamment alimentaires reste sujette à une approbation préalable des services compétents, et ouvre automatiquement droit à une rectification du SMIG. Nous en sommes naturellement très, très loin.
C’est pourquoi me permettrai-je de conclure à propos de Benbitour qu’il en a lui-même beaucoup à apprendre, avant de donner des leçons.