En France sarkozyste, où l'on assiste, jour après jour, à des excès mettant en cause directement les forces de police engagées dans une lutte sans merci contre les beurs et les immigrés africains, il est bon que les technologies nouvelles viennent au secours de ces derniers, d'autant plus que leurs paroles, leurs témoignages ne comptent jamais, dans un environnement qui les décrie en permanence.
Aussi, l'anecdote rapportée par le journal Libération, dans sa livraison d'aujourd'hui, mérite-t-elle d'être publiée ici intégralement. La voici.
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Vidéo-témoignage contre parole de policier: embrouille à la cour d'appel
JUSTICE. La parole des uns contre les images des autres : c’est le débat qui a opposé ce mercredi 12 mai devant la cour d’appel de Toulouse, trois policiers de la Brigade Anti Criminalité (BAC) et un jeune homme de 21 ans accusé d’avoir mené contre eux un guet-apens qui a failli tourner au drame.
« Sans aucun doute, c'est lui»: appelés à la barre, ces policiers jurent le reconnaître. Ce qu'ils ne savent pas encore, c'est que « lui », Yazid Moumeini, vient de transmettre à la cour une vidéo clandestinement enregistrée avec son portable et qui paraît dire tout le contraire...
Entre sa condamnation à deux ans de prison en première instance le 11 mars 2009 et l'appel aussitôt interjeté, ce carrossier de 21 ans aurait piégé le véritable auteur de ce guet-apens du 12 avril 2008. « C'est moi, admet le piégé sur les mauvaises images tremblées. Mais je ne peux pas me dénoncer. »
La cour s'est déplacée dans une salle de réunion pour visionner l'enregistrement. « C’est stupéfiant », souffle le président de la cour d’appel à LibéToulouse. De toute sa carrière, il n'avait encore jamais eu à connaître de vidéo-témoignage:
Cette nuit du 11 au 12 avril 2008 a été d'une « violence inouïe », selon le président de la cour. Le premier brigadier de la patrouille Puma 11 intervenant alors sur l’incendie d’une voiture sur la dalle du Mirail-Bellefontaine raconte: « Ils étaient une vingtaine et ils nous ont immédiatement jeté des pierres, dit-il. Une véritable meute, décidés à nous faire la peau. Je n’avais jamais vu une telle violence. j'ai du faire usage de mon flashball pour dégager mes deux collègues qui tentaient d’interpeller l’un des meneurs.»
Le second policier de la Puma 11 précise: c'est pour dégager un de ses deux collègues déjà à terre, victime d'un jet de pierre en plein visage et que la « meute voulait lyncher », qu'il tire toutes ses munitions non létales, grenades lacrymogènes et flashball, puis dégaine son arme de service. « Pour la première fois de ma vie, je me suis dit que j’allais devoir tuer quelqu’un, poursuit-il. Je me suis demandé si je n’étais pas en train de devenir fou ».
« Est-ce ce monsieur, le meneur de la bande? », l’interroge alors le président en désignant Yazid Moumeini. « Sans aucun doute, c’est lui. Il était à visage découvert et je le connaissais pour l’avoir déjà contrôlé plusieurs fois auparavant », répond le policier. Yazid Moumeini ne bronche pas.
« Je n’y étais pas, ce soir-là, affirme l'accusé. J’ai passé la soirée avec un ami handicapé avant de rentrer chez moi. C’est là que les policiers sont venus me chercher le lendemain matin pour me conduire en garde à vue ». Le témoignage de ceux avec qui il soutient avoir passé la soirée n’ayant pas suffi à l'innocenter devant le tribunal correctionnel en 2009, c'est là que l'idée le traverse, explique-t-il, de piéger ceux qui, selon lui, ont réellement fait le coup. Ce faisant, il piégeait aussi les policiers qui persistent dans leur accusation.
La BAC ne s'attendait pas à ça: le jugement est renvoyé au 18 novembre prochain avec, en attendant, un complément d'enquête.
JME.