Pour avoir déclaré lors d'une réunion publique à Olbia, en Sardaigne : "Si je trouve qui est l'auteur de la série télévisée à succès 'La Pieuvre' et qui a écrit des livres sur la Mafia, je jure que je l'étrangle", Sylvio Berlusconi laisse planer le doute sur sa possible collusion avec la mafia napolitaine.
Un tel propos, qui donne davantage de poids aux rumeurs, rapportées par les journaux italiens, selon lesquelles le chef du gouvernement italien serait impliqué dans les attentats de 1992 et 1993 attribués à la mafia, suscite de sérieuses interrogations dans les cercles politiques de son pays. Le procureur en chef du parquet de Florence a été poussé jusqu'à infirmer publiquement l'existence d'une enquête ouverte contre Berlusconi et son bras droit, Marcello Dell'Utri, relativement à ces attentats. Pourtant, Gaspare Spatuzza, un mafiosi repenti n'a pas manqué de reconnaître, lui, que Berlusconi et son adjoint constituaient, dans le monde politique, des interlocuteurs privilégiés des responsables de la Camora.
Dell'Utri, ancien employé de banque en Sicile devenu dirigeant du holding de Berlusconi puis sénateur, est le fondateur de Forza Italiana, le parti qui a propulsé Berlusconi au premier plan des responsabilités politiques. Il a été condamné à neuf ans de prison pour ses activités dans la mafia. En faisant appel de son jugement, il a réussi à différer l'exécution de sa condamnation mais pas à l'annuler définitivement, comment on aurait pu le croire au moment fort de l'ascension politique de Berlusconi. Aujourd'hui, ce dernier est lui-même sérieusement inquiété par de nombreuses instructions judiciaires ouvertes contre lui, où la loi ne peut plus rien pour le couvrir.
En d'autres termes, il est donc possible que le chef du gouvernement italien, qui s'est négativement illustré par ailleurs lors de divers débordements de sa propre conduite personnelle, ait bâti sa fortune grâce à sa compromission dans les milieux mafieux.