Apparemment, tous les ingrédients d'une rentrée scolaire non seulement morose mais carrément ratée sont réunis, observent les spécialistes.
Il y a, constate-t-on, un manque flagrant d'enseignants et d'encadreurs que l'on évalue respectivement à 10 000 et 5000, à l'échelle du territoire national.
D'un côté, faute de prévisions budgétaires correctes, les services de la fonction publique n'ont pas cru devoir opérer à temps les recrutements nécessaires. Prévu en mai, le concours y relatif a été reporté à novembre. Autrement dit, l'appoint attendu pour cette année ne pourra venir, dans le meilleur cas, qu'à compter du premier trimestre 2010. Des classes, dont on souhaitait l'allègement depuis belle lurette, se retrouveront par conséquent remplies à ras bord, pour compter une moyenne de 45 élèves chacune.
De l'autre, les améliorations tant espérées en matière de prise en charge des langues étrangères dès l'école primaire sont encore renvoyées aux calendes grecques, le sommet du pouvoir tenant fermement à conserver telle quelle l'originalité de l'école algérienne. Formant depuis des décennies des espèces de zombies incapables de raisonner par eux-mêmes, l'école tient à ne rien modifier de son approche éducationnelle et préfère poursuivre son bourrage de crâne sans intérêt.
Refusant, par ailleurs, de répondre aux doléances bien justifiées des enseignants, notamment en matière de revalorisation de leurs salaires, l'Etat se heurte une fois de plus à la colère de ce corps indispensable. Les syndicats se préparent d'ores et déjà à entrer dans un cycle interminable et vicieux de grèves qui portera infailliblement atteinte à la scolarisation des enfants.
Enfin, la modification intervenue ces dernières semaines à propos du jour hebdomadaire férié débouche sur une conséquence négative inattendue : le vendredi étant déclaré "saint" par de larges franges de la société islamique algérienne, il s'inscrit comme seconde journée non ouvrable. Du coup, le report de la demi-journée du jeudi sur vendredi n'est plus possible, faisant perdre aux écoles 4 heures de cours par semaine.