Un système plus que draconien est mis en place en Algérie pour réprimer les infractions aux règles de la circulation automobile, devenues, il est vrai, extrêmement préoccupantes, ces derniers temps.
Le nouveau texte de loi, paru au Journal officiel aujourd'hui, énumère diverses contraintes ayant pour objet de réfréner la cadence des accidents de la route.
Au premier rang, un permis à point, comparable sans doute à celui existant en Europe, est instauré en même temps qu'un brevet professionnel est désormais requis pour les conducteurs de véhicules lourds et de transport en commun. Une période probatoire de deux ans est également mise en place pour les nouveaux conducteurs. Le permis de conduire est confisqué pour une durée variable avec l'intensité de l'infraction commise et ce retrait peut être provisoire, avec un minimum de 10 jours - ou définitif. Tout particulièrement, l'excès de vitesse supérieur de 40 km/h à celui fixé est sanctionné par le retrait définitif, assorti d'une amende de 10 000 à 50 000 DA.
Ensuite, des sanctions pécuniaires assez lourdes frapperont les automobiles enfreignant les règles de conduite. Les infractions sont classées en quatre catégories, dont les amendes s'étalent de 2000 à 6000 DA, exception faite des accidents causant des atteintes aux personnes. Auxquels cas, les auteurs sont passibles de peines de prison pouvant aller jusqu'à 10 ans et d'amendes fixées à un maximum de 1 million de dinars, pour les homicides involontaires.
Comme on le voit, l'Etat s'est enfin réveillé pour réprimer durement les chauffards et autres conducteurs qui font fi des règles parfois élémentaires de la circulation. Est-ce la solution attendue pour contenir cette hémorragie routière qui place l'Algérie parmi les quatre ou cinq premiers pays dont les routes sont les plus meurtrières malgré son parc automobile pourtant très modeste de 4 millions de véhicules ? Nous le saurons très vite à la lumière des conditions d'application de ces nouvelles dispositions.
Etant donné en tout cas la lourdeur des amendes, il est à craindre que des agents de la circulation peu scrupuleux ne mettent à profit ce nouveau dispositif pour pratiquer le racket à leur profit personnel. Déjà, avec l'application simple de la mesure portant pénalisation des conducteurs chaussant des mules ou autres savates, des échos laissent entendre que des agents n'hésitent pas à monnayer la levée de l'amende contre un billet rouge.