Disparition sur la Manche d'un cargo chargé naviguant en direction de Béjaïa

Un cargo, transportant du bois et se dirigeant vers le port algérien de Béjaïa, semble avoir été piraté en mer du côté du Portugal. Attendu depuis le 4 août sur la côte algérienne, le navire n'a plus donné de nouvelles, après son passage au large de Douvres, sur les côtes anglaises.

Le journal Le Figaro en fait un compte rendu plus détaillé que voici :
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Etrange disparition d'un cargo au large du Portugal
Constance Jamet (lefigaro.fr) 12/08/2009

Le dernier contact radio s'est produit alors que l'Arctic Sea s'apprêtait à s'engager dans la Manche, l'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde. Le cargo était attendu le 4 août à Béjaïa, en Algérie. Les experts redoutent une nouvelle forme de piraterie.

Le dernier contact radio s'est produit alors que l'Arctic Sea s'apprêtait à s'engager dans la Manche, l'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde. Le cargo était attendu le 4 août à Béjaïa, en Algérie. Les experts redoutent une nouvelle forme de piraterie.

Les autorités maritimes redoutent que l'Arctic Sea ait été attaqué par des pirates. Ce qui constituerait une première dans les eaux européennes…depuis des centaines d'années..

La piraterie, qui fait rage au large des côtes somaliennes, aurait-elle fait son retour dans les eaux européennes ? C'est la question que se posent les autorités maritimes après la disparition d'un cargo en plein Atlantique. L'Arctic Sea, battant pavillon maltais et dirigé par un équipage russe de 15 hommes, a été aperçu une dernière fois fin juillet par un hélicoptère au large des côtes portugaises. Et ce quelques jours après avoir été attaqué par un commando. « Nous ne savons pas ce qui s'est passé mais il est possible que le bateau ait été piraté », a reconnu un porte-parole du centre de coordination des sauvetages maritimes, basé à Lisbonne. Si c'était le cas, ce serait le premier cas de piraterie des temps modernes dans les eaux européennes, les plus patrouillées au monde. Interpol est activement à la recherche de l'Arctic Sea. La Russie a rejoint la traque et a envoyé des bâtiments stationnés en mer Noire patrouiller dans l'Atlantique.

La disparition de l'Arctic Sea est entourée de nombreuses zones d'ombres. Le cargo de 98 mètres est parti de Finlande le 23 juillet avec à son bord une cargaison de bois de construction d'une valeur de 1.16 million d'euros. Destination le port algérien de Bejaia, avec une arrivée prévue le 4 août. Mais à l'aube du 24 juillet, la compagnie finlandaise, armatrice du bateau, alerte les autorités suédoises : l'Arctic Sea aurait été attaqué par des hommes, déguisés en policiers anti-drogue, près de l'île d'Oland, au large de la Suède en mer Baltique. Les assaillants auraient ligoté l'équipage et fouillé le bateau pendant 12 heures. Puis ils seraient repartis avec le téléphone satellite du cargo et quelques autres appareils. Trois marins auraient été blessés. Pour une raison encore inconnue, l'attaque n'a été révélée qu'une dizaine de jours plus tard lorsque Interpol a émis un mandat de recherche sur le cargo.

L'Arctic Sea transportait-il des armes ou de la drogue ?

Malgré l'incident, le navire, délivré par les pirates, pense alors la société armatrice, continue sa route. L'Arctic Sea délivre son dernier message radio alors qu'il s'engage le 29 juillet dans le détroit de Douvres dans les eaux anglaises. Comme l'exige la procédure, un membre de l'équipage explique aux gardes-côtes où se dirige le cargo et sa date d'arrivée en Algérie. « C'est tout ce qu'ils ont dit, ils n'ont pas mentionné avoir été attaqués ce qui est étrange si c'est effectivement le cas », s'étonne Mark Clark, chef des garde-côtes anglais. «Mais peut-être notre interlocuteur avait un pistolet braqué sur la tempe, qui sait ?». Les garde-côtes recevront trop tard, le 3 août, un message d'alerte d'Interpol leur demandant de guetter le cargo «peut-être détourné». Mais le navire a depuis longtemps quitté la Manche. Un ultime signal automatique d'identification est capté le 30 juillet près de Brest. Un hélicoptère portugais l'a ensuite repéré au large de ses côtes. Et puis plus rien…

Les Espagnols assurent que le navire n'a pas emprunté le détroit de Gibraltar. Au lieu de voguer vers l'Algérie, il pourrait donc se trouver près des côtes ouest africaines. Le motif de cette piraterie supposée reste également flou. L'équipage était expérimenté et digne de confiance, assurent les autorités russes, qui excluent un détournement commis par les marins. L'Arctic Sea transportait-il, à l'insu de son équipage, de la drogue ou des armes que les pirates devaient amener à bon port ? comme spécule le Times, qui se perd en conjectures. A moins que les pirates n'aient attaqué au hasard l'Arctic Sea pour imposer et convoyer leur propre cargaison ? Inspirés par leurs collègues somaliens, ces pirates vont-ils demander une rançon ou simplement voler le cargo pour l'utiliser à leur guise ? Le Times rappelle que, selon certaines rumeurs, la mafia russe serait en train d'établir un juteux trafic d'armes en direction de l'Afrique. Si le système d'envoi de messages d'identification automatique de l'Arctic Sea était volontairement coupé par les kidnappeurs, les recherches d'Interpol seraient difficiles. Une première zone de recherche pourrait déjà s'étendre sur près de 5.600km. d'océan.

D'après la chaîne de télévision publique russe Vesti-24, la marine de guerre russe serait dans le sillage du navire que l'on dit désormais piraté.

"Je viens d'apprendre auprès d'une source au ministère de la défense que la frégate Ladny est actuellement lancée à la poursuite d'un bâtiment similaire à l'Arctic Sea dans l'Atlantique, juste au sud de Gibraltar", a déclaré sur Vesti-24 Mikhal Boytenko, directeur de la revue maritime russe Sovfracht, rapporte le journal Le Monde dans son édition électronique.

Le dernier contact que ce navire a eu jusqu'ici avec les autorités maritimes remonte au 28 juillet dernier, juste avant qu'il ne franchisse le pas de Calais, sur la Manche.

Quant aux 15 membres russes de l'équipage, Malte, propriétaire du pavillon, indique "qu'ils auraient été agressés, ligotés, bâillonnés, ils auraient eu les yeux bandés et certains auraient même été sérieusement blessés", lors de l'abordage, dans les eaux territoriales suédoises, le 24 juillet, par des hommes prétendant être des policiers.

Le porte-parole du Commissaire européen aux Transports, Martyn Selmayr, a indiqué aujourd'hui, d'après le journal Le Monde : "Selon les informations dont nous disposons, le navire a été attaqué à deux reprises, une première fois au large de la Suède et une seconde au large du Portugal". Il a pris soin d'ajouter : "Il semblerait que ces actions, telles qu'elles ont été rapportées, n'ont rien à voir avec des actes de piraterie traditionnelle ou une attaque armée en pleine mer".

C'est autant dire qu'il pourrait s'agir d'un règlement de compte entre bandes mafieuses russes, utilisant ce navire pour le transport de la drogue ou autres marchandises de commerce illicite, telles que les cigarettes, l'alcool, etc.

Le représentant du commissaire européen, ayant précisé : "La Commission ne souhaite pas faire davantage de commentaires à ce stade pour ne pas entraver les actions des autorités en cours", il est clair que les autorités de police s'activent à tenter de cerner le mobile de ce piratage.

Medvedev, dont l'équipage du navire est constitué de ressortissants russes, a en tout cas ordonné à sa marine lancée à la poursuite de l'Arctic Sea de : "prendre toutes les mesures nécessaires pour retrouver et, si besoin est, libérer le cargo et son équipage". Il sous-entend ainsi que la force devra être utilisée au besoin.

Après avoir laissé entendre, durant la matinée, que le cargo venait d'être localisé au large des îles du Cap-Vert, les agences de presse font machine arrière pour conforter la déclaration des autorités russes qui ont démenti l'information.

Le mystère redevient donc entier, excepté que la thèse de trafiquants de drogue semble avoir plus de consistance désormais. Le capitaine du navire aurait, en effet, donné par téléphone sa version des faits telle que la reproduit le journal Le Figaro comme suit : « Les hommes «ressemblaient à des soldats des forces d'élite américaines et semblaient très professionnels», a-t-il expliqué le 31 juillet, dans un entretien au quotidien suédois Metro. «Ils ont dit qu'ils cherchaient de la cocaïne, qui aurait dû être embarquée à Kaliningrad (une ville russe située non loin de la Suède, de l'autre rive de la mer Baltique, ndlr). Ils parlaient anglais, avec un accent», a-t-il ajouté. Bref, cette première attaque aurait été liée à une cargaison secrète à bord, cachée par des trafiquants. »

Par conséquent, même les attaques indiquées par le porte-parole du commissaire européen au Transport ne tiennent plus la route.

Aux dernières nouvelles, les pirates auraient pris contact, en Finlande, avec la compagnie propriétaire du navire, Sol Chart Management, pour exiger d'elle le paiement d'une rançon. Un chef du Bureau d'investigation national a seulement révélé à la radio locale que le montant de cette rançon est assez important.

Pour l'ambassadeur russe auprès de l'OTAN : "les coordonnées d'emplacement du bateau ne peuvent pas être révélées". Or, d'autres sources assurent que "La version la plus plausible, même si on n'en est pas sûr à 100 %, c'est qu'il se trouve toujours au large du Cap Vert".

Quatre frégates russes restent toujours à sa poursuite, mais l'on ignore leur position géographique jusqu'ici.

La marine russe a fini par s'emparer du navire Arctic Sea, considéré jusqu'ici comme détourné par des pirates. Il a été retrouvé à 300 miles marins du Cap-Vert.

Le ministre russe de la Défense, Anatoli Serdioukov, qui a donné l'information, s'est contenté seulement d'indiquer : "L'équipage a été transféré sur notre bateau chargé de lutter contre les sous-marins". Selon lui, les membres de l'équipage sont "sains et saufs" et se trouvent actuellement "interrogés" pour éclaircir les circonstances de cette mystérieuse disparition.

Les Russes avaient donc bien pris soin de prévoir un possible contact avec des sous-marins ennemis. Cela confirme que les mers sont désormais bien infestés de bandits se servant de sous-marins pour atteindre leurs objectifs. Certes, il n'y a encore pas eu de piratage commis avec l'aide d'un submersible de ce type, mais il a bien été révélé récemment que des trafiquants de drogue fabriquent et utilisent des sous-marins de fortune pour tenter de traverser les eaux contrôlées par la police.

Enfin, il est regrettable que le ministre russe n'ait pas été plus bavard pour expliquer comment ont été libérés ses compatriotes constituant l'équipage du cargo détourné, et surtout pour préciser ce qu'il est advenu des pirates eux-mêmes, qui ont donné au bateau une autre direction que la sienne initialement projetée.

Le ministre russe de la Défense a annoncé que huit hommes suspectés de s'être introduits par la force sur le navire Arctic Sea, en pleine mer, ont été arrêtés. Ils se trouvent actuellement à bord de l'escorteur Ladny, au large des îles du Cap-Vert et à proximité du bateau détourné et désormais libéré.

Selon le ministre, Anatoli Serdioukov, « le 24 juillet, dans les eaux territoriales suédoises, s'est approché de l'Arctic Sea un hors-bord, dans lequel se trouvaient quatre citoyens estoniens, deux Lettons, et deux Russes. » « Ces intrus sont montés à bord, et, sous la menace d'armes, ont exigé que l'équipage accomplisse sans condition tous leurs ordres ; ils ont ensuite éteint l'équipement de navigation et ordonné au navire de faire route vers l'Afrique. »

La suite reste encore floue et parfois même contradictoire selon les sources d'où l'information a filtré. Chacun y est allé de son hypothèse, sans toutefois l'étayer par des faits concrets et vérifiables. Et les Russes, que l'on sait peu bavards d'ordinaire, n'apportent pas d'autres clarifications, excepté celle où ils annoncent le repli des membres de l'équipage vers leur pays, la Russie. Ils n'indiquent pas non plus où ont-ils interpelé les suspects ni les mobiles de leur acte.

L'affaire de l'Arctic Sea est loin d'être close, apparemment. Nombre de questions restées sans réponses sont aujourd'hui abordées dans un sens qui se place aux antipodes de la version donnée par le ministre russe de la Défense.

D'abord, on découvre que la société propriétaire de ce navire appartient en fait à trois Russes. Elle a été créée en juin dernier, seulement, sous le nom de Solchart Management Ltd. Son capital est de 15 000 €, une vraie bagatelle, pour une entreprise maritime qui draine des centaines de milliers d'euros.

Ensuite, il est démontré que les messages électroniques brandis par cette société, qui les aurait reçus de l'équipage du navire au moment où il se trouvait pris sous la menace de pirates, ne sont pas prouvés. Le commandant du vraquier n'ayant pas actionné l'appel de détresse spécialement prévu dans les mêmes circonstances, la thèse d'un abordage par des pirates ne tient donc plus la route.

Enfin, la précipitation avec laquelle les autorités russes se sont immédiatement portées à la recherche et à l'arraisonnement de l'Arctic Sea soulève un certain nombre d'interrogations, d'autant que l'on sait désormais que l'équipage était russe, que les soi-disant pirates étaient menés par des Russes et qu'enfin le bateau appartient bien à des Russes.

C'est une espèce d'imbroglio qui permet à nombre d'observateurs de soupçonner Moscou de s'être impliqué là dans un trafic inavouable soit d'armes conventionnelles, soit de combustibles nucléaires destinés à l'Iran, d'autant que ce cargo avait déjà fait escale dans un port russe avant de se rendre en Finlande pour charger sa cargaison à destination d'Alger.

Par quelques lignes très courtes, insérées dans un éditorial de sa livraison d'hier, le quotidien algérien L'Expression a laissé entendre que l'Arctic sea devait transporter des armes destinées aux terroristes islamistes algériens. Il n'était pas suffisamment explicite pour éclairer le lecteur sur l'origine de ces armes, bien que l'on suppose qu'elles devaient être embarquées en Suède. Il ne dit pas non plus quel rôle jouaient les brigands russes et autres lettons qui se sont emparés du navire, ni en quoi l'intervention de la marine russe avait quelque rapport avec ce chargement d'armes.

Le journal, fouillé de bout en bout, ne fait pas état également de l'information ainsi glissée dans son édito, dans lequel il s'insurge, par ailleurs, contre le silence coupable des pays dont les eaux territoriales ont été traversées par l'Arctic sea, contrôlé par les pirates. Pour l'éditorialiste, ces diverses capitales n'ont pas jugé utile de mettre un terme au détournement du navire, parce qu'il était visiblement de leur intérêt de laisser les armes parvenir à leur destination.

Il n'y a là, bien sûr, que des hypothèses peut-être sorties tout droit de l'imagination du journaliste, mais il n'en demeure pas moins que le lien entre les armes en question, la Russie et les mafieux qui ont intercepté le cargo, reste malgré tout troublant.

De nouvelles révélations publiées par un journal autrichien, Salzbulger Nachrichten, rapportant des informations recueillies par son correspondant à Jérusalem, laissent entendre que les armes chargées par l'Arctic Sea, lors de son escale à Kaliningrad, cité de tous les trafics, seraient des missiles S-300, de fabrication russe.

La livraison de ces engins sophistiqués de dernière génération aurait été négociée par l'Iran auprès de militaires de l'armée russe faisant partie d'un gang et agissant en marge de leur statut officiel pour arrondir leurs fins de mois.

La signature de ce contrat parallèle aurait été signalée ensuite aux autorités de Moscou par un service d'espionnage de l'Ouest. Mais les Russes auraient expressément tardé à mettre en branle leur mouvement d'interception en mer, tandis que les pays occidentaux, qui étaient au courant heure après heure du déplacement du navire, se refusaient à intervenir.

Une telle information reste cependant à prendre sous toutes réserves. Elle n'est jusqu'ici ni confirmée par les Russes, les principaux intéressés par ce trafic, ni par les Israéliens, d'où elle aurait apparemment surgi en premier.