La démocratie dans le tiers-monde se résume au titre

L'un après l'autre les chefs d'Etat africains, faisant fi des règles constitutionnelles, ont modifié la constitution de leur pays pour se maintenir à vie au pouvoir.

Déjà au nord, l'Egypte, la Libye, la Tunisie et l'Algérie ont à leur tête des présidents destinés à mourir sur leur fauteuil. La parenthèse ouverte en Mauritanie en 2007 s'est vite refermée par le coup d'Etat du général Abdelaziz qui vient, à son tour, de se faire "élire" chef de l'Etat dans les conditions peu démocratiques que l'on sait.

En Afrique noire, Paul Bya du Cameroun et Idriss Déby du Tchad ont bafoué la loi fondamentale pour s'imposer à perpétuité. Campaoré du Burkina Faso, arrivé aussi sur un coup d'Etat en 1987, se propose à son tour de modifier la Constitution de son pays pour accéder à un cinquième mandat. A Djibouti, Ismaël Omar Guelleh annonce qu'il briguera un 3è mandat, au mépris de la Constitution. On s'attend à ce que les présidents guinéen et ivoirien déclarent leur candidature aux prochaines élections présidentielles. Le président nigérien ne s'est pas embarrassé, lui, du barrage dressé par le parlement et la Cour constitutionnelle contre son maintien au pouvoir : il a carrément dissous le parlement, limogé les membres de la Cour et organisé une parodie de référendum qui l'assure de son maintien à la tête du pays.

L'Afrique ne souffre pas seulement de la mauvaise gestion de ses dirigeants prédateurs, beaucoup plus préoccupés par leur enrichissement personnel que par le sort de leur pays, elle est obligée d'endurer la rapacité de ses premiers responsables qui ont renié leurs serments. Autant dire que le pouvoir corrompt les hommes jusqu'à la moelle.

Le référendum organisé au Niger a été justement jugé scandaleux par les forces de l'opposition. Ces dernières affirment qu'il n'y a pas eu 5 % de participation, contrairement aux allégations des pouvoirs publics qui annoncent, selon eux, un taux excessif de 68 %.

A partir du moment où Tandja, le maître de Niamey, a osé, toute honte bue, dissoudre le parlement et limoger les membres de la Cour constitutionnelle, force est de reconnaître que le régime brille par sa dictature.

Comme une espèce de solidarité s'est nouée entre les différents dictateurs qui président aux destinées de nombre d'Etats africains, il ne serait pas étonnant que Tandja trouve en eux des appuis qui viendront le rassurer devant la menace de sanctions brandies par l'U.E.

Cette dernière, d'ailleurs, choisit en fonction de ses intérêts égoïstes les cibles qu'elle dénonce vraiment et bruyamment bien souvent, mais non au nom du simple respect des valeurs démocratiques. Le cas le plus édifiant est celui de l'Iran dont elle a même associé ses fonctionnaires aux manifestations publiques, même si l'évidence a prouvé que les élections iraniennes n'ont souffert d'aucun trafic, contrairement aux soi-disant élections tunisiennes, algériennes, camerounaises ou autres.

Dans le sillage des Africains, les Latino-Américains suivent désormais dans cette course folle à la présidence à vie.

Alvaro Uribe, le président colombien, vient d'obtenir du Congrès le vote autorisant la convocation d'un référendum lui permettant de briguer un troisième mandat en 2010. Mais ce feu vert reste conditionné par l'approbation du Conseil constitutionnel.

Déjà, en 2006, Uribe avait dû passer par une réforme de la Constitution pour se faire réélire. Aujourd'hui, malgré l'avance obtenue de justesse au congrès pour l'adoption de son projet de référendum (1 seule voix de plus que la majorité exigible), il est quasiment certain d'être réélu une fois encore. Uribe aurait en effet monnayé les résultats de ce scrutin par des largesses budgétaires consenties sur le dos du contribuable à des parlementaires.

En fait, le président colombien n'a rien inventé, Hugo Chavez l'ayant précédé sur cette question en obtenant, en février dernier, un amendement constitutionnel lui offrant le pouvoir à vie.

Ainsi, vont les "monarchies républicaines" dans le tiers-monde...