La fête de la culture organisée depuis le 5 juillet à Alger par Khalida Toumi, ministre de la Culture, s'est achevée, hier, dans l'indifférence quasi totale des Algérois et par de gros regrets pour certaines délégations africaines invitées.
Loin, en effet, de se féliciter de sa réussite, comme l'a triomphalement déclaré la ministre, les artistes visiteurs, qui se sont produits à Draria et Sidi Moussa pour la clôture des manifestations, ont été violemment pris à partie par les habitants de ces localités. Ils auraient reçu, selon la presse de ce matin, à partir des balcons d'immeubles, des coups de cailloux qui ont ensanglanté certains d'entre eux. Des bouteilles se seraient brisées aussi à leurs pieds. En sus, ils ont été gratifiés d'injures et de mots racistes.
La fin en apothéose n'était donc pas de mise, même si certains délégués ont fait des efforts sur eux-mêmes pour tenter de minimiser ces actes de violences qui ne grandissent ni leurs auteurs ni le pays hôte, autrement dit l'Algérie.
Une telle réaction, qui ne s'inscrit pas en vérité dans le caractère plutôt hospitalier des Algérois, tient en effet de la rancoeur qu'a suscité tout le gâchis occasionné par une mobilisation à outrance de moyens humains et matériels pour satisfaire une simple lubie de la ministre. Ne pouvant briller autrement qu'en se projetant sur la scène publique par une manifestation internationale de cette ampleur, Khalida Toumi avait cru bon d'y dilapider des dizaines de milliards, en feignant abusivement d'oublier que des dizaines d'Algériens sacrifient chaque jour leur propre vie pour essayer de traverser la Méditerranée à la recherche de la paix et de la sécurité sous d'autres cieux.
Mêmes condamnables, ces violences auront eu au moins le mérite de rappeler aux gouvernants aussi incompétents qu'inconscients du pays que l'on n'achète pas la paix sociale ni l'intégrité ni les suffrages des électeurs avec cette fâcheuse tendance à dilapider les fonds publics sur des futilités.