Les journaux français, depuis la publication des derniers résultats du bac, regorgent d'articles et de commentaires chantant la gloire du taux record de 86 % des succès ou déplorant la chute incontestable du niveau des bacheliers d'aujourd'hui.
S'il faut saluer, il est vrai, cette progression constante, et égalitariste, des taux de réussite grâce à laquelle de moins en moins de candidats se retrouvent refoulés des portes de l'université, puisque le bac est censé être le sésame qui les ouvre, l'on ne peut néanmoins que s'affliger des lacunes préoccupantes qu'accusent les bacheliers au plan de leur formation dans la langue française au lycée.
Il n'est pas nécessaire d'être devin, en effet, pour constater le manque de plus en plus flagrant de soins montré à la préservation des exigences premières de la langue, l'orthographe, la grammaire et la syntaxe. On éprouve parfois quelque mal à reconnaître leur titre à certains bacheliers, auteurs d'écrits les plus courts, à cause de leur qualité déplorable ou vraiment insuffisante. D'un autre côté, si le bac sanctionne la fin d'études secondaires, parfois très difficiles faut-il en convenir, rien n'assure qu'accepté en-dessous d'une certaine limite, il permette à l'étudiant de demain de suivre un cycle souvent long et plus compliqué encore où l'usage de la langue est encore plus fortement demandé.
Autrement dit, en négligeant la matière de base qui est le français, ce bachelier dit "au rabais" risque à terme d'être éjecté à n'importe quel niveau de l'université. La maîtrise de la langue est un impératif inséparable de toutes les études universitaires de qualité. Sans quoi c'est la porte ouverte à la facilité, au laisser-aller et au désintéressement durant toute la carrière professionnelle du futur cadre de demain.