Graduellement, depuis maintenant un peu plus de quatre décennies, le monopole du chef de l'Etat et de son gouvernement qui pesait sur l'expression dans les médias publics français s'est tellement craquelé au fil des années qu'il finit aujourd'hui par disparaître quasiment. Cette expression sera, désormais, équitablement partagée avec les forces politiques existantes. Ainsi, ce que tentait jusqu'ici Sarkozy, par l'entremise du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), pour imposer sa présence permanente et illimitée dans l'audiovisuel public vient d'être carrément désavoué par le Conseil d'Etat.
Il appartient désormais au CSA de fixer les règles permettant d'attribuer aux autres partenaires politiques français le même temps de parole à l'antenne que celui que s'octroie abusivement le pouvoir jusqu'à maintenant.
Le CSA qui s'était refusé de décompter le temps de parole pris par le président Sarkozy doit donc reconsidérer sa position. Il ne peut pas "
exclure par principe toute forme de prise en compte des interventions du président de la République et de ses collaborateurs dans les médias audiovisuels", décide le Conseil d'Etat, dans un communiqué publié aujourd'hui même.
Arnaud Montebourg, le député PS, salue là une grande victoire pour l'opposition que le chef de l'Etat soit "
considéré maintenant comme un membre banal de son gouvernement". "Nous allons pouvoir être enfin audibles parce qu'on va avoir du temps d'antenne qu'on n'arrivait pas à avoir", a-t-il ajouté, selon le journal
Le Monde.
François Hollande applaudit, lui, un arrêt qui "
rappelle les principes du pluralisme et condamne l'interprétation qu'avait faite de ces principes le Conseil supérieur de l'audiovisuel". "
Je demande immédiatement rendez-vous au CSA pour connaître les conséquences qu'il va tirer de cette nouvelle jurisprudence", a-t-il poursuivi, estimant qu'il est maintenant de "
la responsabilité du CSA de prendre en compte les conséquences de cette décision", écrit encore le quotidien parisien.