Le G20 se réunit demain à Londres

Déjà, à la veille du sommet des pays riches et des pays émergents, qui se tiendra demain à Londres, les premières salves tonnent assez dru entre, d'un côté, les anglo-saxons ; et, de l'autre, l'Europe continentale.

Les deux parties ne s'accordent pas en fait sur l'approche des solutions à apporter à la crise.

D'abord, le différend se situe au niveau du plan de relance. Les Américains, soutenus par les Britanniques et les Asiatiques, insistent sur la nécessité de faire un nouvel effort pour juguler la crise, en apportant encore de l'argent frais aux entreprises en difficulté. Mais, tel n'est pas l'avis de l'Allemagne et de la France qui estiment avoir donné jusqu'ici le maximum de leurs possibilités.

Ensuite, se pose le problème des paradis fiscaux sur lequel les Européens entendent exiger des règles strictes pour les forcer à lever le secret bancaire. La publication de la liste des Etats visés constitue à elle seule une donnée qui ne réunit pas le consensus nécessaire pour l'envisager.

Enfin, il s'agit aussi d'imposer un contrôle acceptable des rémunérations parasitaires, comme les parachutes dorés, les stocks-options, etc., servis aux dirigeants de grandes sociétés. Ils créent une espèce de concurrence déloyale entre les entreprises les plus en vue dans le monde occidental. Le scandale qu'a révélé, par exemple, l'octroi d'indemnités faramineuses à l'ancien président d'AIG, aux Etats-Unis, a suscité de la part de Sarkozy ou de Merkel une réprobation telle que l'un et l'autre menacent de claquer la porte du G20 si leurs doléances ne sont pas entendues.

Demain, donc, commenceront les travaux placés sous haute sécurité, d'autant que des milliers de manifestants contre la mondialisation se préparent activement d'ores et déjà à s'y faire entendre.

Les résolutions prises au G20 semblent à la hauteur des espérances formulées par tous pour surmonter la crise financière internationale devenue aujourd'hui plus que jamais sérieuse.

5 000 milliards de dollars seront injectés dans l'économie d'ici la fin 2010. 2 000 autres milliards seront mis à part égale à la disposition de la Banque mondiale et du FMI pour venir au secours des pays pauvres.

Tout le monde, enfin, comme Barroso, Merkel, Sarkozy, Brown, Medvedev et Obama se félicitent du succès des travaux et de leur entente solide pour venir à bout de la crise.

"Un nouvel ordre mondial" est né, a indiqué Gordon Brown qui se félicite de l'ouverture vers "une nouvelle ère de coopération internationale".

Sarkozy se dit satisfait, notamment, par l' « engagement des chefs d'Etat et de gouvernement d'un renforcement de la réglementation et de la supervisation des activités financières », avant de préciser : « Les hedge funds seront désormais réglementés ».

Au G20, on a fini aussi par se mettre d'accord sur la nécessite de sanctionner les paradis fiscaux qui refusent de coopérer avec les Etats dans le cadre de la fraude fiscale. Une liste de ces paradis fiscaux va même être incessamment publiée, assure l'OCDE. De nombreux pays visés tentent d'ores et déjà de se soustraire à cette liste, en offrant une coopération semblable à celle décidée par la Suisse.

D'un autre côté, le problème de la substitution d'une autre monnaie indépendante au dollar est désormais posé, sur l'insistance de la Chine et de la Russie. Le dollar-roi est donc menacé de disparition.

Enfin, les représentants des Etats les plus riches de la planète se sont entendus pour se retrouver en septembre prochain, afin de faire le point des avancées enregistrées d'ici là.

Voici la fameuse liste des paradis fiscaux telle que dressée par l'OCDE :

LISTE « NOIRE »
- Costa Rica
- Malaisie
- Philippines
- Uruguay

LISTE « GRISE »
- Autriche
- Andorre
- Anguilla
- Antigua et Barbuda
- Aruba
- Bahamas
- Bahrein
- Belgique
- Belize
- Bermudes
- Brunei
- Les îles Caïmans
- Chili
- Les îles Cook
- Dominique
- Gibraltar
- Grenade
- Guatemala
- Liberia
- Liechtenstein
- Les îles Marshall
- Luxembourg
- Monaco
- Montserrat
- Nauru
- Antilles néerlandaises
- Niue
- Panama
- Saint-Kitts et Nevis
- Sainte-Lucie
- Saint Vincent et les Grenadines
- Samoa
- Saint-Marin
- Singapour
- Suisse
- Iles Turks et Caïques
- Vanuatu
- Les îles Vierges

On aura remarqué que la Suisse et l'Autriche, deux paradis les plus en vue, figurent en bonne place dans la liste grise. Les deux pays acceptent donc de coopérer avec l'OCDE mais sans doute pas avec l'ensemble des Etats de la planète. Et un tel distinguo risque de faire mal.

Lors de la réunion du G20 à Londres, les "altermondialistes" avaient tenté de manifester leur colère pour empêcher un tel rassemblement de riches qu'ils estimaient être responsables de la misère qui ronge le monde aujourd'hui.

Des policiers de Scotland Yard amenés en très grand nombre sur les lieux les avaient alors confinés dans des espaces étroits les éloignant du lieu où se tenait le sommet. Des heurts s'étaient même produits entre entre eux et les manifestants. Un mort a d'ailleurs été relevé à cette occasion.

Mais ce mort que la rumeur avait imputé, au départ, aux échauffourées a donné lieu, depuis, à une sérieuse polémique mettant en cause les policiers. La vidéo que voici, prise par un passant, apporte désormais la preuve que le défunt, mort sous l'effet d'une crise cardiaque, avait été en fait poussé brutalement, un instant plus tôt, par un flic auquel il tournait déjà le dos. Cet acte que les images démontrent place du coup les responsables de la police sous les feux de la rampe.

Une instruction judiciaire est d'ores et déjà ouverte à titre criminel. L'identité du policier responsable de la brutalité, cause apparemment de la crise cardiaque mortelle, est activement recherchée.

Il est établi, certes, tout particulièrement en Angleterre, que la police peut effectivement contrôler désormais les mouvements de la foule dans la rue, à travers les dizaines de milliers de caméras installées ça et là. L'on ne peut, en même temps, contester que des centaines de milliers d'autres caméras en miniature installées dans les téléphones portables des citoyens mettent également les flics dans la fâcheuse posture d'être à leur tour surveillés de près. Cela sonne un peu comme un retour de bâton...