Réminiscence d’une Espagne franquiste et rétrograde, toujours fermée sur le monde extérieur, sur la civilisation, sur le progrès, ou retour au Moyen Age d’une église ayant perdu tous ses repères, refusant de faire table rase de son passé désuet et archaïque, et qui ose montrer les dents aujourd’hui, pour défier, sans la moindre gêne, le gouvernement de Zapatero sur le terrain de l’école, cette fois.
A l’heure où l’ensemble des 26 autres Etats de l’U.E. s’ouvrent largement sur une modernisation, devenue nécessaire, de leur perception des choses de la vie, pour transcender justement les différences du passé, ou encore pour coller aux réalités du 21è siècle, l’église espagnole se découvre subitement des devoirs qu’elle compte arracher aux prérogatives du gouvernement en place.
Après s’être opposée au mariage homosexuel, voilà qu’elle ouvre un nouveau front, celui de s’opposer à l’enseignement de l’instruction civique dans les écoles, que l’Etat compte mettre en place dès la rentrée prochaine. Rien de moins, elle invite les catholiques "à employer tous les moyens légitimes pour défendre la liberté de conscience et d’enseignement qui est en jeu". En d’autres termes, l’église ne permet pas à l’Etat de "s’arroger un rôle d’éducateur moral qui n’est pas le propre d’un Etat démocratique".
Bien que ces cours d’instruction civique aient pour objectif d’inculquer aux élèves des valeurs inscrites dans la Constitution espagnole de 1978, comme le rejet du racisme, de la xénophobie et de l’homophobie, et mettent en valeur l’égalité entre les hommes et les femmes ou les droits et devoirs de chacun, l’église espagnole se réfère aux réformes intervenues en matière de diversité sexuelle pour les rejeter en bloc, parce qu'elle les considère comme une hérésie.
Il faut cependant noter que la nouvelle loi sur l’éducation qui rend facultatifs les cours de religion catholique, dont les notes ne seront plus jamais prises en considération dans le calcul des moyennes de l’élève, n’est pas non plus du goût de l’épiscopat, qui croit y déceler une intention de laïciser la société espagnole.
Enfin, il n’est pas vain de rappeler que la cohabitation de l’église avec un régime socialiste n’a, dès le départ, jamais été appréciée depuis le régime franquiste pour feindre d’oublier la grande et criminelle compromission de l’église dans la guerre civile qui avait opposé, en 1936, républicains et franquistes et s'était terminée en faveur de ces derniers, après l'extermination de quelques centaines de milliers d'Espagnols.