Le RCD prend la tête de l'opposition à l'A.P.N.

Se faisant l’écho des prises de bec qui ont émaillé les débats d’hier à l’A.P.N., les journaux de ce matin ont évoqué, parfois dans le détail, les deux interventions de députés du R.C.D. qui les ont provoquées.

Ali Brahimi, député de Bouira, a mis notamment en exergue les incohérences ou le vide du discours de Belkhadem, chef du gouvernement : « Vous voulez réformer les structures de l’Etat mais l’on constate que cela ne figure nulle part dans votre programme ».

Tarik Mira, député de Béjaïa, a remarqué, de son côté, d’abord que la copie distribuée à l’assemblée différait notablement du contenu du discours lui-même. Il a ensuite déploré que le rôle dévolu au député soit cantonné dans des tâches n’ayant rien à voir avec sa mission principale de contrôler, de bout en bout, pour le compte du peuple qu’il représente, l’action gouvernementale. De plus, a ajouté l’orateur, le député doit servir d’intermédiaire entre l’Etat et l’opinion publique. Mettant enfin l’accent sur la mainmise abusive par ce dernier sur les médias lourds et télévisuels, Mira a insisté sur le recul des libertés publiques devenu quasiment intolérable.

Préférant se porter au secours de Belkhadem, à défaut de tenter de justifier les errements relevés par les intervenants précités, nombre de députés de l’Alliance dite présidentielle ont préféré chahuter ces derniers et exiger surtout de Brahimi qu’il s’exprime en arabe, seule langue admise pour les travaux de l'A.P.N.

Du coup, Nourredine Aït-Hamouda est allé à la rescousse de ses camarades du R.C.D. en faisant valoir qu’il peut aussi être fait usage du tamazigh, consacrée désormais langue nationale, au déplaisir, bien entendu, des centaines d’arabophones de l’hémicycle.

Plutôt que de saisir à bras le corps les véritables problèmes qui se posent au pays dans une dimension devenue particulièrement inquiétante voire explosive, les députés du FLN et leurs camarades de l’Alliance continuent en vérité de faire tout simplement la claque, oubliant que le monde avance et que le pays régresse.

Le dernier communiqué publié par le parti RCD, sous la plume de son chef de groupe parlementaire, Djamel Fardjallah, est on ne peut plus clair, à propos des attributions qui doivent être celles de l’élu : "Le statut de l’élu devient une affaire urgente afin de clarifier les rôles entre les instances exécutives et délibérantes et surtout de permettre aux représentants légitimes du peuple de jouer leur rôle de contrôle de l’Exécutif et d’intermédiaire entre la société et le peuple".

Il interpelle par ailleurs le chef de l’exécutif, à propos des libertés publiques, d’opinion et d’expression : "Rien sur la liberté d’expression, la dépénalisation du code de l’information et le libre accès aux médias lourds", n’a été en fait projeté dans son programme dit de gouvernement que Belkhadem a présenté à l’assemblée.

Au chapitre également de la corruption, le parti de Saïd Sadi déplore que le chef du gouvernement ait placé ce phénomène dans un contexte social à caractère mondial.

Le communiqué tire enfin une évidence criante : "Il ne peut y avoir de bonne gouvernance sans respect du suffrage électoral, sans reconnaissance des prérogatives dues aux élus, sans ouverture sur les libertés démocratiques et sans indépendance enfin de la justice".

Il regrette enfin que l’APN ait eu à "entendre un discours lénifié d’un chef de staff en lieu et place d’un chef de gouvernement… "