Chávez veut régner à vie

Ayant goûté au pouvoir, Chávez a trouvé qu'il ne pouvait plus s'en passer. Aussi, à l'occasion du dixième scrutin organisé depuis qu'il est à la tête de l'Etat, a-t-il demandé aux électeurs de voter, aujourd'hui même, pour l'amendement constitutionnel. Ce dernier est censé annuler la limite fixée jusqu'ici à deux mandats pour l'élection du président comme des représentants du peuple aux diverses assemblées.

La mesure s'étant à présent étendue à un grand nombre de pays du tiers-monde, Chávez ne pouvait qu'être tenté de vouloir l'appliquer au Venezuela. Elle lui permettrait de faire renouveler son second mandat actuel qui expire en 2012 et même garder le pouvoir à vie.

Bien qu'une certaine partie des hommes politiques de l'opposition tentent de barrer le chemin à cet amendement en appelant au vote négatif, il se trouve un plus grand nombre d'électeurs sensibles au charisme de Chávez pour soutenir, au contraire, son projet. Tout particulièrement les grandes masses, que des mesures de redistribution des pétrodollars ont atteintes, sous diverses formes d'aides sociales, se disent plutôt convaincues que l'actuel chef de l'Etat travaille dans la bonne direction. Aussi, est-il fort probable que les résultats de la consultation soient favorables à l'amendement.

Libre, ensuite, à cette opposition de crier tout son soûl contre le pouvoir autocratique du mentor d'aujourd'hui ! Libre à elle de dénoncer les tendances gauchistes, les prises de position anti-américaines ou anti-israéliennes de Chávez, les manipulations sur les cours du pétrole, etc., elle ne réussira guère à inverser le cours des événements.

Les résultats du scrutin, comme on pouvait s'y attendre, donnent près de 55 % de oui contre 45 % de non, au référendum d'hier. Chavez est donc assuré d'être élu, en 2012, au terme de son second mandat actuel, sauf, bien sûr, événement majeur pouvant bouleverser la donne d'ici là.

"Avec un avantage de 9 points [54,4 % de oui et 45,6 % de non], il a réussi à obtenir une réélection à l'infini qui lui permettra de se représenter pour un nouveau mandat, et pour tous ceux qu'il souhaite tant qu'il reste en vie", écrit par exemple le journal proche de l'opposition La Verdad, repris par Le Monde.

Sitôt les résultats annoncés, de son balcon présidentiel, il a même annoncé qu'il serait candidat en 2012, et sans doute plus tard aussi.

Certains observateurs attribuent un tel succès à une baisse d'au moins 8 % de la participation au vote.

Le tout est à présent de savoir si la chute des prix du pétrole ne fragilisera pas le régime en place.