Des changements en perspective au niveau du cabinet israélien

Les résultats des dernières élections législatives en Israël ne répondent pas tout à fait aux pronostics établis par les spécialistes.

Nombreux parmi ces derniers attendaient une avancée nette de l'extrême droite, favorisée en particulier par l'échec relatif de l'agression de Ghaza. Malgré, en effet, le retrait des troupes de cette bande frontalière palestinienne, les roquettes continuent de pleuvoir sur le sud d'Israël. Autrement dit, la bataille engagée aura abouti à fort peu de résultats sinon qu'elle a desservi le pays, désormais clairement identifié comme agresseur, aux yeux de la communauté internationale.

C'est donc les deux partis du centre-droit, Kadima de Tzipi Livni et le Likoud de Netanyahou qui se partagent près de la moitié des sièges, soit respectivement 28 et 27. L'extrême droite s'est octroyé 15 sièges ; le Parti travailliste, 13 ; le Parti Shass, 11. Mais, si la formation de la ministre des Affaires étrangères a perdu 1 siège, les deux suivantes ont plutôt gagné, 5 et 4 sièges. Du coup, l'extrême droite de Lieberman devra nécessairement être associée au partage du pouvoir.

Celui-ci, bien qu'il échoie à Tzipi Livni, a toutefois plus de chance de tomber entre les mains de Netanyahou. L'ancien Premier ministre est mieux à même, en effet, de pouvoir réunir une coalition gouvernementale, d'autant que la dernière campagne électorale a montré les limites de sa concurrente. On la dit aussi inexpérimentée que peu sociable.

Quoiqu'il en soit, le prochain gouvernement aura à faire face à de bien lourdes tâches qui l'attendent. D'un côté, le problème de la sécurisation de la région sud demeure toujours posé. Ensuite, la menace de l'Iran, qui poursuit ses activités nucléaires, n'est pas à prendre à la légère. Enfin, les négociations à rouvrir avec les Palestiniens, dans un contexte plutôt défavorable résultant des bombardements sauvages de Ghaza, ne seront certainement pas aisées.

Les choses sont en fait loin de se clarifier, au lendemain des élections législatives.

Si Tzipi Livni, arrivée en tête, est en droit de réunir une coalition gouvernementale autour d'elle, elle ne peut, en réalité, y parvenir. C'est parce qu'elle s'est déjà essayée une première fois sans succès, que ces élections anticipées ont été d'ailleurs organisées. Ce n'est donc pas demain qu'elle pourra, contrairement à ses prétentions, s'associer le concours d'autres formations concurrentes pour gouverner.

Netanyahou, lui, malgré ses capacités de rassembler les partis de droite et d'extrême droite dans une coalition, reste piégé par les contours du projet de gouvernement à mettre en oeuvre. Les partis qu'il compte associer à son cabinet sont loin de souscrire tout particulièrement à la révision à la baisse de leurs propres ambitions en matière notamment de négociations avec les Palestiniens, les Syriens, etc., en vue d'un plan de paix durable. De plus, il devra se mettre en porte à faux avec les intentions d'Obama de revenir inéluctablement à la réalisation impérative de ce plan de paix.

Quant à se partager le pouvoir avec d'autres formations plus au centre ou plus à gauche, ces deux leaders ne veulent pas non plus se laisser imposer d'autres directions de gouvernement, Et ce, d'autant qu'elles manqueront d'un côté comme de l'autre de stabilité dont a vraiment besoin le pays pour faire face à des problèmes pendants et urgents, tels que les activités nucléaires de l'Iran, la menace du Hamas non encore enrayée, la rétrocession de territoires palestiniens offerts à la colonisation sauvage, etc.

Aussi, redoute-t-on les conséquences d'une instabilité qui s'annonce durable. Et Shimon Péres, le président de la République, aura fort à faire pour tenter de mettre de l'ordre dans cet embrouillamini incontournable.

La formation du Likoud, dirigée par Netanyahou, retenue par le président Pérez pour former la coalition gouvernementale, peine à trouver des alliances avec les partis concurrents arrivés également en tête aux dernières législatives.

Ehoud Barak, qui contrôle le Parti travailliste, vient de rejeter formellement les propositions à lui adressées par le leader du Likoud. Barak estime qu'un trop grand fossé sépare leurs formations respectives sur les approches politiques des dossiers les plus prioritaires. Autant Netanyahou, dont on sait la position déclarée contre les Accords d'Oslo prévoyant la création d'un Etat palestinien, reste intransigeant sur cette question, autant Barak, qui s'est engagé dans le sens contraire, entend reprendre les négociations avec les Palestiniens, d'autant plus que le soutien de Washington n'a plus les mêmes nuances aujourd'hui qu'hier.

Tzipi Livni, responsable de Kadima, dont les positions sont proches de celles du Parti travailliste, a décliné également les offres de Netanyahou, à peu près pour les mêmes raisons.

Aussi, ne reste-t-il à ce dernier que la faculté de se rapprocher des minuscules partis de droite et d'extrême droite. Avec eux il aurait peut-être quelque chance de regrouper tout juste une majorité parlementaire. Mais à quel prix y parviendra-t-il si tant est qu'il y parvienne ?

Comme dans une semaine s'achève le délai offert pour la constitution de la coalition gouvernementale, le chef du Likoud risque donc d'être à son tour écarté de la liste des prétendants au poste de chef du prochain gouvernement.