Le Pen vieil excentrique pour l'éternité

Le langage résolument raciste de Jean-Marie Le Pen reste toujours inchangé. Il est vrai que l'on ne change pas à son âge. Mais, enfin, pour un homme politique tel que lui qui sait la raison d'être de tous ses revers plus ou moins cinglants qu'il a essuyés ces vingt ou trente dernières années, l'on pouvait quand même s'attendre à ce qu'il mette un bémol à ses propos outranciers.

Il n'en est rien, et le président du F.N. mourra sans doute en gardant à l'esprit cette haine aussi inexplicable qu'irrationelle qu'il cultive sans trêve à l'endroit des Arabes, en particulier, et des musulmans, en général.

Le chiffre des habitants musulmans ou Arabes de la ville de Marseille lui paraissant plus qu'excessif, il vient de fustiger son maire en le surnommant Ben Gaudin. Il a tout de go débité cette provocation pour lancer sa campagne électorale dans les bouches du Rhône, où il se présente tête de liste du F.N. aux élections régionales. D'un trait sarcastique, il a osé donc déclarer : "le jour où les musulmans seront 800 000 à Marseille". Ce jour-là, "le maire s'appellera peut-être Ben Gaudin", avant d'ajouter : "L'immigration de masse tend à prendre l'allure d'une véritable colonisation".

Et pourtant, Le Pen n'en est pas à sa première condamnation pour des mots aussi durs prononcés à l'encontre de la communauté arabe vivant en France. Au journal Le Monde, il avait osé dire, en 2004 : "Le jour où nous aurons en France, non plus 5 millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont." Il récidivait une semaine plus tard au micro de Rivarol avec insistance : "Quand je dis qu'avec 25 millions de musulmans chez nous, les Français raseront les murs, des gens dans la salle me disaient, non sans raison : 'Mais M. Le Pen, c'est déjà le cas maintenant'".