Des grèves spontanées se développent au Royaume Uni, suite au recrutement, dans une raffinerie de l'est du pays, de travailleurs italiens et portugais.
A l'origine, c'est le géant
Total, qui, en confiant à une firme italienne,
Irem, le soin d'agrandir la raffinerie de Lindsay, en bordure de mer du Nord, près du port de Hull, a déclenché indirectement le débrayage. Ce dernier s'est vite étendu dans une dizaine de raffineries, de terminaux gaziers et de centrales électriques.
Irem a en effet embauché, pour les besoins de son contrat, des Italiens et des Portugais, dont 90 au moins sont déjà à pied-d'oeuvre. Outre le côté chauvin dont on accuse cette entreprise qui écarte d'emblée le recrutement de locaux, on lui reproche aussi de préférer des étrangers pour leurs salaires nettement inférieurs.
Aussi, des pancartes suffisamment claires sont-elles brandies par les manifestants regroupés devant la raffinerie : "
des jobs britanniques pour les travailleurs britanniques". En d'autres termes, c'est aujourd'hui chacun pour soi, même si l'Union européenne s'emploie d'arrache-pied à gommer les frontières entre les Etats qui la constituent.
Du coup, des centaines d'ouvriers des autres industries ont observé, par solidarité, le débrayage, à la fin de la semaine dernière. Il est vrai que le pays éprouve encore des difficultés à se sortir de la crise financière qui a produit la mise en chômage de dizaines de milliers de travailleurs du secteur financier et qu'il prévoit l'extension de la crise à l'industrie, dès cette année et pour une période de deux ans au moins.
Confronté à cette nouvelle situation, Gordon Brown, le Premier ministre, navigue entre deux eaux. Il ne peut s'opposer à l'admission d'autres travailleurs européens dans son pays, tout en soutenant les revendications du monde du travail qui trouvent d'ailleurs un écho favorable au sein de l'opinion publique.
Enfin, tout semble indiquer que le mouvement de grève est appelé à perdurer, à plus forte raison si le gouvernement britannique n'intervient pas pour mettre le holà à cette "invasion" de travailleurs européens, dont l'impact, notamment dans les travaux publics, suscite d'ores et déjà, semble-t-il, la colère des syndicats.