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 L'administration Bush hors la loi

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Faïza

Faïza


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Date d'inscription : 12/05/2007

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MessageSujet: L'administration Bush hors la loi   L'administration Bush hors la loi EmptyMer 21 Jan - 22:31

Un article du journal Le Monde consacré à Bush et publié le 19.01 me semble intéressant à plus d'un titre. Il mérite d'être inséré ici. Le voici :
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L'administration Bush hors la loi

L'administration Bush hors la loi Bush12Les actes de torture perpétrés dans les prisons irakiennes soulèvent l'écoeurement et l'indignation en Amérique et dans le monde. Le président Bush tente de limiter les dégâts - pourtant irréparables - en rendant responsables « quelques brebis galeuses » qui auraient dérogé aux règles de l'armée. Il n'en est rien : l'administration américaine s'est mise sciemment hors la loi, méprisant à la fois la Constitution et les conventions internationales auxquelles les Etats-Unis ont adhéré. L'armée n'a fait que suivre. Cette attitude date de bien avant la guerre d'Irak :

- Illégale, la condition des prisonniers de Guantanamo, détenus « indéfiniment », sans statut juridique. Le gouvernement a lutté pied à pied pour empêcher la Cour suprême d'examiner l'affaire, arguant de l'extraterritorialité de la base de Guantanamo. La Cour, heureusement, a décidé de passer outre, sachant que les actes du gouvernement des Etats-Unis, où qu'ils se produisent, doivent être en conformité avec les lois et la Constitution.

- Illégale, l'application de certaines dispositions du Patriot Act : ces mesures d'exception - arrestations secrètes d'étrangers, ordres donnés aux hôpitaux et aux bibliothèques de communiquer les informations personnelles concernant patients et clients, perquisitions pratiquées à l'insu des personnes concernées, réservées à la guerre contre le terrorisme (et dont l'efficacité n'a pas été prouvée) sont régulièrement utilisées dans la lutte contre la criminalité et le trafic de drogue. Cela a été reconnu par le ministère de la justice, qui semble trouver normal de se placer ainsi au-dessus des lois.

- Illégales, à l'aune de la convention de Genève (qui établit les droits des prisonniers de guerre), les conditions de détention en Irak. Le secrétaire à la défense, lors de son audition devant le Sénat puis devant la Chambre des représentants, a reconnu que seuls les terroristes étaient officiellement privés de la protection de cette convention. Les quelque 43 000 Irakiens qui ont fait un séjour en prison depuis mars 2003, sont loin d'être tous des terroristes. Or les gardes de la prison d'Abou Ghraib n'avaient jamais été informés des dispositions de la convention de Genève. Dans le même sens, il semble que l'ordre de recourir à des techniques d'interrogatoire musclées ait été inclus dans des directives officielles. Une chose est sûre : les jeunes tortionnaires rigolards qui ont posé pour ces photos honteuses n'avaient aucune conscience de participer à des actes illégaux ou répréhensibles. Les implications sont claires : soit ils obéissaient aux ordres, soit ils se sentaient couverts par leur hiérarchie.

Certains objecteront qu'il n'y a pas de guerre propre, que le sadisme est hélas inhérent à la nature humaine. D'où, justement, la nécessité d'établir s'il agit là de dérives individuelles ou, comme on peut le craindre, d'une politique officielle. Car cette guerre-là, plus que toute autre, est une guerre d'idéaux, de choix, qui perd toute légitimité dès l'instant où les autorités civiles et militaires qui l'ont décidée méprisent les droits de l'homme.

Les raisons qui devaient initialement justifier la guerre d'Irak se sont évaporées. Il n'y avait pas d'armes de destruction massive, l'Irak n'entretenait pas de lien consistant avec Al-Qaida. Saddam Hussein ne représentait pas une menace immédiate pour la sécurité des Etats-Unis. Il restait une bonne raison d'intervenir, une seule : délivrer les Irakiens d'un dictateur sanguinaire, tenter d'engager le pays sur la voie de la liberté et de la démocratie.

D'où la question fondamentale : une armée est-elle la mieux placée pour apporter la démocratie ? Cette question, l'administration Bush, ayant décidé seule de cette guerre, avait seule le devoir et la responsabilité de la résoudre avant d'intervenir.

Une défaite des Etats-Unis en Irak serait lourde de conséquences. Bien sûr, cette éventuelle défaite, certains « alliés » traditionnels de l'Amérique, qui préféraient s'accommoder de la présence de Saddam Hussein, et ont tout fait pour empêcher l'implication de l'ONU dans cette affaire, en seraient aussi en partie responsables. Mais elle serait néanmoins la défaite de tout l'Occident et de tous les Arabes qui aspirent à la paix et au pluralisme politique.

Il y a pire à craindre que la défai-te : les images de la prison d'Abou Ghraib mettent en péril non seulement l'autorité morale de l'Amérique, mais les valeurs universelles - au premier rang desquelles la dignité de la personne humaine - qui nous appartiennent à tous. Ces images créent la possibilité d'un monde où aucun Etat, aucun groupe ne pourra plus intervenir au nom des droits de l'homme. Ces images nous trahissent tous, et nous affaiblissent tous face à l'ennemi commun qui nous a déclaré la guerre, cet ennemi omniprésent, global, qui n'a rien à négocier et n'accorde aucun prix à la vie humaine : le totalitarisme islamiste.

L'Amérique, à l'évidence, mesure la gravité du moment. L'opinion, la presse et le Congrès jouent avec vigueur le rôle que leur impartit la démocratie. Les enquêtes sont en cours, elles devraient ébranler du haut en bas toute la hiérarchie militaire, jusqu'aux autorités civiles du Pentagone. Mais le secrétaire à la défense, tout en se reconnaissant responsable, refuse de démissionner, et le président Bush choisit pour l'instant de minimiser.

Avant d'entrer en fonctions, le président jure « dans toute la mesure de [ses] moyens, de sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des Etats-Unis » (article II). Si ce devoir avait été trahi, il appartiendrait au Congrès de juger s'il y a là matière à une mise en accusation. En anglais : impeachment. Soit le premier pas vers une procédure de destitution.

Nicole Bacharan
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