Un ex ambassadeur séoudien corrompu

Un ami proche du président Bush, Bandar bin Sultan, ex ambassadeur d’Arabie saoudite aux USA, est accusé d'avoir perçu la somme énorme de 79 (milliards ou millions) de dollars, en dessous-de-table, de B.A.E., un constructeur d’avions britannique, révèle une enquête de la BBC.

Principal négociateur du contrat d’armement militaire dit d’Al Yamamah, d’une valeur de 40 milliards de livres sterling, passé avec B.A.E., le Saoudien aurait touché ce pactole, spécialement mentionné dans des annexes secrètes, et étalé sur dix ans, avec l’accord du ministère britannique de la Défense.

L’Office britannique de lutte contre la fraude, au courant de ces enveloppes, a dû abandonner son enquête, en décembre dernier, sur avertissement du gouvernement de Sa Majesté, qui craignait qu’elle porte préjudice à la sécurité nationale.

Le plus curieux, dans cette histoire, est que les paiements étaient établis, depuis la Grande-Bretagne, en direction de deux comptes de l’ambassade saoudienne à Washington, des comptes servant de relais vers ceux de Bandar, ambassadeur en exercice à l’époque.

Nous avons ainsi une idée exacte de l’origine des fonds que, pour la plupart, les bouffons et richissimes investisseurs venus de ces contrées lointaines de la péninsule arabique, se piquent d’apporter dans les divers projets, spécialement immobiliers, qu’ils lancent un peu partout à travers le monde.

Sans attendre, les dernières révélations sur B.A.E., le consortium d’armement anglais, ont déclenché, aux Etats-Unis, l’ouverture d’une enquête judiciaire sur ce groupe, annonce Le Figaro.

Selon des informations rendues publiques, l’ex ambassadeur saoudien, Bandar, aurait touché deux milliards de dollars de commissions et un Airbus tout équipé, au titre du contrat fabuleux passé par son pays et la
BAE pour l’achat d’armement militaire.

On sait, par ailleurs, que B.A.E. faisait déjà l’objet d’enquêtes ouvertes dans six pays jusqu’au moment où, sur l’intervention de Blair, elles ont été interrompues.

L’implantation à large échelle de la société britannique, déjà envisagée aux USA, où elle vient de racheter Armor Holding pour 4.5 milliards de dollars, risque de subir le contrecoup de ces graves accusations de corruption, dans un pays qui, habituellement, les sanctionne durement, quand elles sont prouvées.

D’ailleurs, pour première conséquence, BAE enregistre une chute de 9.24 % de sa cotation en bourse.

B.A.E. Systems, le groupe britannique compromis dans cette affaire de corruption de l’ambassadeur saoudien, vient de subir, à la Bourse de Londres, le premier contrecoup financier de son acte. Plus de 2.3 milliards d’euros ont fondu à ses dépens, avec la chute en bourse de 11 % de ses actions, indique Le Figaro d’aujourd’hui.

Plusieurs enquêtes déclenchées simultanément, ces derniers jours, aux USA, en Roumanie, en Afrique du Sud, en Tanzanie, au Chili, en Tchéquie et à Qatar ont eu pour effet de peser fort négativement d’ores et déjà sur la cotation en bourse de cette entreprise, accusée d’avoir indûment engraissé la famille royale saoudienne.

Bandar, l’ambassadeur saoudien en cause, aurait perçu, rappelons-nous, 2 milliards d’euros, ainsi qu’un Airbus A340, des voyages, dont, ajoute-t-on, la lune de miel de sa fille.

Les contrats en cause remontent aux décennies 1980 et 1990, soit à une période antérieure à la mise en place de la convention OCDE, du début 2000, qui tente d’instaurer quelques règles morales dans le commerce international. Bien que 36 pays l’aient paraphée, les USA, la Grande-Bretagne et l’Allemagne y ont prévu des clauses qui les en dispensent, ajoute Le Figaro. Le lecteur aura compris pourquoi….

Au-delà de l’impact attendu sur BAE par l’enquête principalement ouverte aux USA où l’entreprise enregistre 40 % de son chiffre d’affaires, c’est surtout en Grande-Bretagne que les choses s’annoncent mal : le nouveau contrat signé avec l’Arabie saoudite pour la livraison de 72 chasseurs Eurofighter risque, en effet, d’être renvoyé aux calendes grecques.

Un fonds de pension du Michigan, The City of Harper Woods, détenteur d’actions de BAE, ayant porté plainte contre le prince saoudien Bandar, fils du ministre de la Défense et ex ambassadeur aux Etats-Unis, accusé d’avoir perçu des commissions illicites des mains de ce groupement britannique, la juge américaine Rosemary Collyer a considéré que le soupçon était suffisamment fondé pour décréter un gel de son patrimoine foncier, indique Geopolitique, un site français spécialisé dans le traitement des grandes affaires qui secouent le monde.

Le cabinet spécialisé, L. R. Hodges & Associates, mandaté à l’effet d’identifier les biens de ce prince, a pu situer dans le Colorado ses nombreuses propriétés et appartements, évalués à 167 millions de dollars et gérés par les soins de deux sociétés néerlandaises, Bricot N.V. et Aspcol N.V.

C’est en 2006 que les gestionnaires du fonds de pension avaient découvert l’existence de ces grosses commissions versées par BAE à Bandar, en rémunération de ses services pour les contrats de fournitures d’armement à son pays. A lui seul, cet indélicat diplomate avait alors encaissé un milliard de livres sterling, le second milliard ayant été sans doute réparti entre les autres pontes du régime saoudien.

Mais, en décembre 2006, Tony Blair mettait un terme aux poursuites engagées alors par la justice de Sa Majesté, pour cause d’«atteinte à la sécurité nationale », geste qui allait trouver sa « récompense » dans le renouvellement du contrat d’armement de l’armée saoudienne, sous la forme d’une nouvelle commande de 72 chasseurs Typhon anglais.