Internet ou le miroir aux alouettes

Le développement d'Internet s'est accompagné, tout au long de ces dernières années, de la multiplication de sites de rencontres, dont la publicité vient quotidiennement encombrer nos boîtes email.

Que l'on soit en Europe, en Asie, en Afrique dans quelque pays perdu dans la brousse, ou ailleurs, ces clubs ouverts sous toutes les latitudes, toutes les langues, de jour comme de nuit, offrent aux hommes et aux femmes, comme aux jeunes des deux sexes, l'occasion de tchatcher, des heures durant et sans limitation.

Beaucoup y viennent bien souvent en caressant l'espoir de trouver l'âme soeur, un(e) ami(e) d'un moment. Cachés derrière des pseudonymes les plus extravagants parfois, non tenus de révéler les moindres traits réels de leur personnalité et moins encore de présenter leur image sous un webcam, ils peuvent s'inventer toute sorte de portrait d'eux-mêmes pour appâter leur interlocuteur sans obligation d'y apporter le moindre début de preuve.

Combien d'entre eux ont fini par réaliser ainsi leur objectif ? Un infime pourcentage, nous a révélé une émission récente de télévision. Les férus de la tchatche interrogés ont reconnu presque tous y avoir perdu leur temps et leur argent. D'une déception à une autre, pour la plupart ils s'en sont sortis aigris et pleins de remords, en jurant qu'on ne les y reprendrait plus.

En vérité, si Internet offre, de ce côté-là, un moyen extrêmement puissant et incomparable pour rapprocher des dizaines ou des centaines de millions de gens entre eux, il reste que ce type de liaisons, en manquant de franchise et de sincérité, compromet toute leur structure. Il est si difficile déjà de déceler chez une personne, avec laquelle on vit quotidiennement, le tréfonds de sa personnalité, qu'il est quasiment impossible de déchiffrer l'interlocuteur assis devant son clavier.

Pourtant, les filles nord-africaines, en particulier, trouvent là l'occasion inespérée de se distraire vraiment, de se défouler. Certaines, friandes d'aventures virtuelles, y trouvent même grand plaisir à entretenir en même temps de multiples relations tant avec des coreligionnaires du côté sud de la Méditerranée qu'avec des Européens, des Canadiens, etc.

Le fait de blaguer surtout d'égal à égal avec des hommes de toute origine, chose qu'elles ne peuvent faire sur place, dans leur pays, leur donne quasiment des ailes. Elles se sentent plutôt décomplexées et libérées du carcan de leurs traditions médiévales et périmées. Cela leur procure même assez de force et d'audace pour refuser les mariages combinés, pour imposer leur choix d'études malgré l'opposion souvent de leurs parents, pour se sentir même de taille, quoique chose exceptionnelle, de vivre en logement séparé, etc. Et cela, elles le doivent beaucoup à ces échanges quotidiens qu'elles développent librement et sans risque avec le sexe mâle par le seul moyen d'Internet.

Toujours méfiantes d'ailleurs, elles savent inventer mille astuces pour décliner les offres de rencontre physique avec leurs correspondants, même quand ceux-ci habitent la rue voisine. N'est-ce pas que l'homme propose et que la femme dispose, dit l'adage.

Aujourd'hui, en tout cas, Internet est la bouée de sauvetage qui manquait tant à toutes ces filles isolées, trop souvent timides et éduquées dans la loi de soumission à l'homme qui les oblige à toujours baisser les yeux.

Non ! comme dit Kamal Ataturk, la femme, où qu'elle soit, est et doit être l'égale de l'homme. Elle ne peut donc que se féliciter de pouvoir à son tour tirer profit du bienfait des nouveaux moyens de communication qui la visent au même titre que l'homme.