Investisseurs émiratis, dites-vous ?

Bouteflika, en arrivant au sommet de l'Etat en 1999, nous avait longtemps vanté les mérites des Emiratis auprès desquels il s'était réfugié après sa disgrâce et sa condamnation par la Cour des comptes pour détournement de deniers publics. Il prétendait que c'étaient là des investisseurs potentiels qui ne tarderaient pas à se rapprocher de l'Algérie pour y apporter leurs pétrodollars et la sortir du marasme économique.

Aujourd'hui, après le scandale d'Orascom, où un certain émir de ces faux frères a mis main basse sur l'essentiel de la téléphonie mobile avant de s'approprier une cimenterie, le tout grâce aux financements des banques publiques du pays, après les fausses promesses de soi-disant investisseurs dans l'immobilier que n'attirent en fin de compte que les plus-values à tirer des terrains que l'Algérie s'apprêtait à leur offrir, voici surgir une autre escroquerie, celle du projet de l'aluminerie.

Ce dernier, prévu en association avec deux entreprises publiques, Sonelgaz et Sonatrach, participant à hauteur de 30 %, bat de l'aile. Les partenaires émiratis qui s'octroient la part belle de 70 % ont le culot de se retourner contre les Algériens pour exiger d'eux le financement de cette unité d'aluminerie par les banques publiques.

Un tel comportement de voyous n'ayant d'égal que celui qu'ils montrent dans l'exploitation inhumaine de dizaines de milliers de travailleurs étrangers qu'ils emploient chez eux n'a rien d'étonnant en vérité.

Seul Bouteflika est à ce point incapable de juger des hommes et surtout ignare des affaires pour s'être laissé duper par de véritables truands pendables.

Dire enfin que de véritables investisseurs nationaux n'ont pas eux-mêmes accès à ces financements de banques publiques est tout simplement révoltant, quoique rien ne surprenne dans un pays classé bel et bien parmi les plus corrompus de la planète.

Le plus important "investisseur" émirati, EMAAR, à propos duquel l'on avait tant vanté les mérites pour avoir projeté de construire en Algérie d'importants complexes immobiliers, a finalement tiré sa révérence. Il se dit désormais n'être point intéressé par les affaires en Algérie.

Pour preuve, à l'occasion du CityScape tenu à Dubaï, la semaine dernière, il avait distribué des brochures et organisé plusieurs conférences pour attirer l'attention des visiteurs sur les investissements immobiliers engagés aux USA et ailleurs, mais strictement rien sur l'Algérie, rapporte TSA.com (ex toutsurlalgerie.com).

Les 25 milliards de dollars d'investissements qu'il avait fait miroiter au gouvernement algérien tombent par conséquent en fumée. D'ailleurs, il est douteux même que cet "entrepreneur", bien trop sûr de lui, ait seulement la capacité de présenter des actifs nets de cette dimension. Il comptait, en vérité, se servir aux guichets des banques algériennes, exactement comme l'avait fait Orascom avant lui pour sa téléphonie et sa cimenterie, pour financer de soi-disant complexes immobiliers de luxe. Malheureusement pour lui, la donne a entretemps changé, suite à la révélation d'actes aussi scandaleux commis par d'autres Arabes orientaux accourus à la curée des pétrodollars algériens. Un coup d'arrêt net a été donné à ce procédé d'affairistes bien plus intéressés par l'appât du gain que par le véritable développement de leur pays "frère", l'Algérie.

Tout est dit, enfin, dans le propos amer tenu, par un Arabe de ces milieux d'affaires, au micro de T.S.A. : « Il faudrait peut-être s’interroger sur les raisons de cet échec. Se demander pourquoi les investisseurs arabes n’ont jamais réussi à lancer de projets en Algérie. Je crois tout simplement que le marché algérien n’est pas fait pour ce type d’investisseurs qui ont l’habitude qu’on leur déroule le tapis rouge dans tous les pays arabes où ils se sont implantés. En Algérie, c’est différent. Il y a beaucoup de bureaucratie et les interlocuteurs sont nombreux. Mais les décisions ne se prennent pas ».