Des entretiens secrets lieraient Washington et Téhéran

Les USA et l'Iran entretiendraient, depuis cinq ans, des discussions secrètes, affirme le quotidien britannique The Independant, en se fondant sur le témoignage de l'un des participants à leurs rencontres, Thomas Pickering, ancien sous-secrétaire d'Etat américain et ex ambassadeur aux Nations unies.

Ces rencontres, entre une douzaine d'anciens diplomates ou experts américains et des universitaires ou conseillers politiques iraniens, se dérouleraient en territoire étranger à leurs pays respectifs.

Selon Pickering, les représentants iraniens ne sont pas des personnages officiels du gouvernement iranien mais des gens gardant une liaison étroite avec les institutions de leur pays.

En fait : « Les contacts entre les Etats-Unis et l'Iran n'ont jamais cessé que ce soit par le biais des Nations unies, de l'Irak ou de pays tiers », a renchéri un spécialiste de l'Iran, indique Le Figaro, qui ajoute : « Beaucoup de diplomates américains se disent qu'ils ont tout tenté, sauf la discussion directe et qu'il est temps d'utiliser cette dernière arme. (…) La nouveauté réside dans le fait que ces discussions sont utilisées médiatiquement pour que les opinions admettent que les deux pays puissent à nouveau se parler», ajoute ce chercheur, pour qui ce dialogue risque toutefois d'être bloqué tant que les deux pays seront gouvernés par Bush et Ahmadinejad.»

Le journal français poursuit : « L'existence de ces discussions secrètes coïncide avec la récente publication par trois des membres américains de ce groupe - dont Thomas Pickering, un autre diplomate à la retraite, William Luers et un chercheur du MIT Jim Walsh - de propositions destinées à sortir de l'impasse entre l'Iran et l'occident sur le dossier nucléaire. A en croire l'ancien sous-secrétaire d'Etat, ce plan, plutôt bien accueilli, propose notamment de créer un consortium international pour gérer l'enrichissement d'uranium sur le sol iranien. Pour l'heure, ni l'administration Bush, ni le gouvernement iranien n'ont officiellement réagi. »

Les choses semblent évoluer dans le bon sens, puisqu'il est formellement établi aujourd'hui que les USA s'emploient activement à ouvrir une section d'intérêts à Téhéran, en attendant de pouvoir y remettre pied de façon formelle, selon les informations données par le Washington Post et l'Associated Press.

Cela fait exactement trente ans que les relations diplomatiques ont été rompues entre les deux Etats. La Suisse gère jusqu'ici les intérêts américains auprès de l'Iran et le Pakistan ceux de Téhéran aux USA.

L'essentiel est que la perspective d'un engagement militaire américain tant redouté en Iran ne semble plus d'actualité, même si Israël s'est employé d'arrache-pied ces dernières semaines à impliquer Washington dans ses préparatifs de guerre contre les mollahs.

Bush et son équipe se rangent donc désormais, du moins provisoirement, dans une autre voie plus pacifique ayant pour effet de tenter de déstabiliser le régime adverse de l'intérieur même. Autrement dit, ils souhaitent, en se rapprochant plus près du peuple iranien, l'amener graduellement à rejeter lui-même les despotes qui tiennent les rênes de leur pays.

Tout ceci, mis en branle dans les tout derniers mois du régime Bush, peut en vérité ne valoir que du pipi de chat si le prochain successeur à la Maison Blanche juge que l'ensemble du projet doit être remisé au rancart.