Encore un abus caractérisé du gendarme mondial

La marine américaine s'est de nouveau distinguée aujourd'hui par un acte d'hostilité incontestable en tirant sur deux petites embarcations à bord desquelles se trouvaient des camelots égyptiens qui s'approchaient trop près, semble-t-il, du navire de guerre Le Global Patriot, tandis qu'il s'apprêtait à traverser le canal de Suez pour rejoindre la Méditerranée.

On dénombre un mort et deux blessés dans cet exercice de "tir aux pigeons" ayant eu lieu, de surcroît, dans les eaux territoriales égyptiennes.

Jusqu'ici aucune réaction des autorités du Caire n'est portée à la connaissance du public pour donner, à tout le moins, leur propre version des faits. Aussi, peut-on d'ores et déjà en déduire que Mubarak doit se trouver ce soir dans ses petits souliers, lui qui, sans l'aide américaine gracieusement dispensée à son pays, depuis sa participation à la première invasion de l'Irak et le mutisme dont il a accompagné la seconde de 2002, n'a rien fait, en près de trois décennies de règne, pour améliorer les conditions de son peuple, afin de prévenir au minimum ce genre de vente à la sauvette qui s'apparente plutôt à de la mendicité.

Aussi, aujourd'hui, non seulement se trouve-il réduit à quia mais il devra, en plus, affronter son opposition islamiste à qui l'acte hostile de Washington donne dès à présent de sérieuses raisons de le vouer aux gémonies.

Les Etats-Unis, en tout cas, auront montré, par leur geste aussi incompréhensible qu'arrogant, suffisamment de mépris à l'égard d'un pays auquel ils n'ont pas même jugé utile de présenter leurs regrets, à défaut d'excuses.

Une dépêche AFP, se référant à l'agence officielle égyptienne Mena, indique que Bush a exprimé "ses profonds regrets" à la suite du tir de la marine américaine ayant causé la mort d'un Egyptien.

Le président américain, en présentant ses condoléances à la famille de la victime, a assuré son homologue du Caire, Hosni Mubarak, qu'une enquête a été demandée au ministère de la Défense et qu'une instruction charge ce dernier de veiller à ce que pareil incident ne se reproduise pas.

L'on sait, aujourd'hui, qu'il s'agissait en fait d'un cargo civil, affrété par la marine américaine, d'où la méprise des camelots qui s'étaient trop approchés du navire. La présence insolite de marins armés sur un bateau civil, chose que les dépêches d'agence avaient "sciemment" omis de préciser, ne pouvait laisser de surprendre, malheureusement trop tard, les petits commerçants ambulants égyptiens. D'un autre côté, en affrétant un cargo civil, dont elle a assuré elle-même la protection, la marine US ne transgresse-t-elle pas une règle de la navigation maritime civile, et ce, d'autant qu'en n'ayant pas signalé cette situation aux autorités concernées du canal de Suez, celles-ci ne pouvaient prendre les dispositions utiles pour prévenir un quelconque incident ?