Benbouzid veut distribuer des amendes

En Algérie, le ministre de l'Education nationale n'a rien trouvé de mieux, pour contraindre les enfants non scolarisés à l'être, qu'à décréter une amende de 50000 DA qui frappera crûment toute famille dont l'enfant (ou les enfants) n'est pas inscrit à l'école.

Ici, nous sommes, hélas, dans un domaine extrêmement sensible, où Benbouzid eût été mieux avisé de se décharger d'une aussi lourde responsabilité, à tout le moins, sur la représentation nationale, par exemple, seule à même d'appréhender avec quelque autorité les causes et les effets de la non scolarisation d'enfants en âge pourtant de l'être, puisque la loi rend obligatoire jusqu'à 14 ans l'inscription des enfants à l'école.

S'il est à l'honneur des services de l'Education nationale de tout mettre en oeuvre pour donner un sens concret à cette même loi, il est en revanche des situations sociales très critiques qui méritent d'être examinées au préalable pour comprendre les motivations qui poussent certaines familles à désintéresser totalement leur progéniture de l'école. D'abord, au premier rang des préoccupations qui doivent être mises en avant, le problème du chômage endémique, qui devient très préoccupant dans le pays, doit être résolu comme priorité absolue. Ensuite, l'école elle-même par ses travers liés principalement à l'enseignement qu'elle prodigue jusqu'ici devrait cesser d'être une pépinière de terroristes en herbe. Y continuer d'enseigner la religion à la manière qui est la sienne aujourd'hui hypothèque l'avenir même du pays, dont on ne cesse pas de crier sa nécessaire ouverture sur les autres civilisations. A l'heure de la mondialisation, se rabattre sur soi-même, sous prétexte de préserver de soi-disant valeurs essentielles, ne contribue à rien d'autre qu'à isoler de plus en plus le pays pour former des kamikazes, autrement dit des criminels sans foi ni loi que le monde entier se fait désormais un devoir de traquer à l'échelle de l'univers.

Benbouzid, enfin, devrait lui-même comprendre que rien de solide et de durable ne se décide, quand il s'agit particulièrement de la formation des enfants, sans l'accord préalable et indispensable des familles en tout premier lieu, sans un débat général qui mette tout le monde, et pas seulement les politiques, devant leurs responsabilités. A l'évidence, l'échec de l'école algérienne vient à n'en pas douter de l'autoritarisme qui a toujours présidé à ses destinées, dans le mépris total de la société et de ses représentants les plus dignes.