Une vie humaine à 19000 euros à Alger

Djamal Ould Abbès, ministre de la Solidarité, a invité, hier, au siège de son département les familles des victimes des attentats du 11 décembre dernier.

Comme représentant officiel de l'Etat, il s'est donc fait le porte-parole de ce dernier, pour leur exprimer non pas, et c'est cela surtout que tout le monde attendait depuis les crimes, la compassion d'abord du président de la République, lequel brille toujours par son absence en pareil cas, ni celle du chef du gouvernement, ensuite, sans doute trop occupé aux préparatifs du 3è mandat présidentiel, mais pour leur proposer de l'argent.

C'est devenu courant, il est vrai, dans ce faux pays de cocagne qui croule pourtant sous le poids des pétrodollars, d'acheter le silence des gens contre une ou deux centaines de millions de centimes. Après tout, que vaut bien un dinar, sinon moins du centième d'un euro ? Et le 1,92 million de dinars offert comme indemnité à chaque victime représente tout juste l'équivalent de 19000 euros. Ce n'est donc pas chèrement payé : 19 mois de Smig en France.

Pour rendre justice à Ould-Abbès, notons au passage que ce chiffre, à peu près double de celui offert aux familles de victimes de la gendarmerie nationale dans les émeutes de Tizi-Ouzou, en 2002, tient compte de la dévaluation du dinar intervenue entre temps, puisque le kg de sucre qui valait à l'époque 35 DA environ est passé aujourd'hui au double.

Le terrorisme peut donc poursuivre longtemps ses assassinats collectifs dans le pays, il y aura toujours assez de millions de dinars à distribuer, à la satisfaction des familles de victimes comme celles de Tizi-Ouzou ou d'hier à Alger, qui n'ont pas même osé protester contre une offre aussi mesquine.

Tout cela, enfin, est à imputer au compte de la chienlit ambiante à Alger, depuis tout particulièrement l'avènement du mentor...