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 Les Algériens n’ont plus confiance dans la santé publique

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M'hand

M'hand


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MessageSujet: Les Algériens n’ont plus confiance dans la santé publique   Les Algériens n’ont plus confiance dans la santé publique EmptySam 29 Sep - 18:33

TSA - 29.09.2012
Entretien réalisé par Hamid Guemache

Dr Mohamed Bekat-Berkani, président du Conseil national de l’Ordre des médecins, à TSA : "Les Algériens n’ont plus confiance dans la santé publique"

Mohamed Bekat‑Berkani tire la sonnette d'alarme sur l'état de la santé en Algérie et fait des propositions pour améliorer l'état de la santé publique. Il estime exagéré le recours par les responsables algériens à des prises en charge pour des soins à l'étranger.

Quel est l’état de la santé en Algérie ?

L’état de la santé en Algérie est préoccupant. En particulier le secteur public, qui est victime d’une gestion administrative centralisée ne laissant pas de place à la réflexion et à la proposition. L’Algérie a choisi un modèle social semblable à celui de la France. Pour des raisons stratégiques, la santé publique doit constituer l’essentiel des prestations de santé. L’Algérie a les moyens d’offrir aux citoyens les soins nécessaires, avec les assurances sociales ou en prenant carrément à sa charge les opérations chirurgicales et les traitements. Il se trouve que ces dernières années, si les budgets de la santé ont été conséquents, leur gestion et leur utilisation ont été faits d’une façon chaotique. Ce qui a provoqué des conflits sociaux, des disparités régionales et des erreurs fondamentales dans le fonctionnement des espaces publics de santé. Et surtout une perte de confiance de la part du citoyen dans le secteur de la santé publique.

Aujourd’hui, lorsque le citoyen lambda est malade, sa première réflexion est d’aller dans le privé. Ce n’est pas normal. L’État a quand même consenti des efforts, avec son modèle de soin français, où les prestations de soins et l’accès au succès sont totalement garantis à tout citoyen algérien. Or, la réalité du terrain montre le contraire. Le rendement des hôpitaux publics n’a pas été à la hauteur des dépenses consenties.

Vous dites que les hôpitaux publics sont mal gérés, ne faut‑il pas alors confier leur gestion à des étrangers ?

L’État doit rester souverain sur la gestion de la santé en général et des hôpitaux en particulier. Un peuple en bonne santé est un peuple qui peut travailler, être à la disposition des États pour toute éventualité. Le secteur de la santé est aussi stratégique que la défense nationale. Les Algériens doivent penser à déterminer leurs besoins en matière de santé pour développer des politiques de prévention conséquentes ainsi que les traitements appropriés. Si on donne la gestion des hôpitaux aux étrangers, c’est une pénétration dont on connait peut‑être les tenants, mais pas les aboutissants.

Déjà, en matière de médicaments, nous ne sommes pas maîtres du tout de notre action médicamenteuse. Un exemple : nous avons importé des quantités considérables de Tamiflu, ce vaccin contre le virus A H1N1, qui s’est avéré ensuite être une véritable arnaque. C’est l’une des facettes de la pression exercée par les grandes firmes pharmaceutiques. La gestion n’est pas tout à fait en cause dans la situation des hôpitaux algériens.

Que faut-il faire pour permettre aux hôpitaux publics de jouer pleinement leur rôle ?

Le service public doit représenter 80 % du secteur de la santé, comme c’est le cas en France. Les 20 % restants, c’est pour les gens qui ont les moyens de se soigner dans le privé. Partant de là, le parc de la santé publique mis à la disposition des citoyens est à revoir. Nous passons notre temps à réparer de vieux hôpitaux comme Parnet, qui date des années 1940, Mustapha, Maillot, Annaba et Constantine, construits dans les années 1950. Alors qu’il est plus facile de construire des hôpitaux modernes, faciles d’accès et qui permettent de mieux soigner les citoyens, de faire des économies de temps, de chauffage, etc. C’est un investissement probablement onéreux, mais qu’il faut faire dans notre pays.

La médecine est interventionniste aujourd’hui. L’hôpital doit être accessible par hélicoptère. L’hôpital Mustapha, situé au centre‑ville d’Alger, n’est pas facile d’accès à cause des embouteillages. Les équipements hospitaliers sont à revoir. Il est inacceptable d’avoir des blocs opératoires qui ne répondent pas aux normes. Il est inacceptable aussi que le consommable manque dans les hôpitaux.

Les malades se plaignent souvent du comportement du personnel médical dans les hôpitaux…

Pour le personnel médical, il y a des choses à revoir aussi. Donner la chance aux jeunes qui font des efforts. Il y a aujourd’hui des médecins plus anciens qui occupent encore des postes alors qu’ils devaient partir à la retraite. Près de 60 % des médecins hospitaliers sont des femmes. La profession se féminise. Le problème des zones déshéritées ne peut pas être réglé par le service civil. Il faut des solutions persuasives. Le personnel médical doit être payé comme les fonctionnaires de Sonatrach. Pourquoi une secrétaire de Sonatrach a‑t‑elle des billets d’avion gratuits pour rentrer chez elle et le médecin non ? Les jeunes considèrent le service civil comme une condamnation. Dès qu’ils en trouvent l’occasion, ils reviennent aussitôt au nord ou partent à l’étranger. Il ne s’agit pas de revoir la carte sanitaire mais de réfléchir à des solutions pour mieux rentabiliser les compétences médicales.

Il y a aussi un problème de lois qu’il faut résoudre. Par exemple, la loi sanitaire de base date de 1985. Elle est devenue obsolète. La pratique de la médecine a changé depuis vingt ans. Cette loi est à refaire à condition que tous les professionnels de la santé puissent y contribuer. Une telle loi, qui engage la santé sur vingt ans, ne peut être faite par deux ou trois fonctionnaires du ministère de la santé. Il est clair que le médecin choisit un statut. S’il est dans le service public, il a une mission de soins, d’enseignement et de prévention. Dans le privé, le médecin a d’autres règles.

À combien évaluez-vous le nombre de médecins algériens qui travaillent à l’étranger ?

Selon des statistiques de l’Ordre des médecins français, il y aurait près de 4 000 médecins algériens, toutes spécialités confondues, en France métropolitaine. Ces médecins n’ont pas des statuts à la hauteur de leurs compétences. Ils tiennent les urgences et s’occupent d’autres tâches plus difficiles. En plus de la France, le Canada et les pays maghrébins attirent les médecins algériens. Nous formons pour les autres.

Le nombre de médecins est-il suffisant en Algérie ?

Largement. Le ratio est d’un médecin pour 800 habitants en Algérie. Les normes de l’OMS, c’est un médecin pour 1 000 habitants.

Dans le privé, l’accueil des malades est mauvais. Les cabinets médicaux sont souvent pleins et les médecins ne travaillent pas sur rendez‑vous. Pourquoi les médecins ne s’organisent‑ils pas pour mieux accueillir les patients ?[/b]

Dans le privé, il y a des spécialités qui sont très sollicitées. Ce n’est pas normal. Les malades n’ont pas confiance dans le secteur public. Lorsqu’on a un problème, on cherche d’abord la compétence qui normalement existe dans le secteur public. Dans le privé, c’est le confort et le traitement personnalisé qui sont recherchés. En France, le privé travaille sur rendez‑vous. Chez nous, le privé est trop sollicité parce que dans le public, il n’est pas facile d’obtenir des rendez‑vous, il y a des pénuries de consommables, le chef de service n’est jamais là, le maitre assistant très occupé. Le secteur public est désorganisé.

Les syndicats ont eu raison de poser le problème des rétributions. Ils ont été méprisés par l’ancien ministre de la Santé. Il y a eu des grèves qui ont duré anormalement dans le secteur public. Même les hauts responsables de ce secteur ne s’étaient pas inquiétés. Cela a contribué à décrédibiliser davantage le secteur public. Il faut des discussions avec les partenaires sociaux. Les Algériens sont d’excellents médecins. Il faut leur donner les moyens. Si l’État était dans de mauvaises dispositions financières, à ce moment‑là, on ferait des économies. Mais comment expliquer que nous avons toujours des pénuries de médicaments alors qu’à la fin de l’année, on terminera avec 20 milliards de dinars d’importation de médicaments.

Comment évaluez-vous les premières décisions du nouveau ministre de la Santé ?

Nous avons accueilli avec beaucoup de satisfaction la nomination du Professeur Abdelaziz Ziari, qui est médecin, à la tête du ministère de la Santé. Les premières décisions sont très encourageantes. Nomination du DG de l’Agence nationale du médicament, en application d’une loi votée en 2008, réception des syndicats pour reprendre le dialogue social. En ce qui nous concerne, nous espérons une démocratie participative. Nous avons des propositions et nous voulons que les secteurs public et privé puissent coexister en Algérie. Et surtout avoir un niveau de médecine comparable au moins à celui des années 1980. Ces dernières années, malgré les moyens colossaux et les dépenses faramineuses, les résultats n’ont pas suivi. Nous espérons être reçus.

Quelles sont, selon vous, les mesures urgentes à prendre dans l’immédiat ?

Effectivement, il y a des mesures à prendre sans plus attendre. Réactiver la lutte contre les maladies chroniques, en particulier le plan anticancer, et assurer la disponibilité des médicaments anticancéreux. La mutation épidémiologique est là. Sur le plan de la localisation des structures de santé publique, les Algériens n’ont plus confiance dans les structures dites de proximité. Tout le monde afflue vers les grands hôpitaux qui croulent sous une pression considérable. Il faut redonner confiance aux citoyens algériens qui préfèrent aller en Tunisie pour se faire soigner alors que ce pays n’a pas les moyens de l’Algérie. Il y a une sorte de désespérance du malade algérien. Il n’a plus confiance en la médecine. C’est dramatique.

Il faut remettre la santé au cœur de la politique. Lorsqu’on dit au malade qu’on veut l’hospitaliser, c’est comme si on avait signé son arrêt de mort. Un Conseil de gouvernement doit être consacré à la santé. Il faut des actes de prévention. Pour mieux lutter contre les cancers, par exemple, il faut agir au début. Pour le diabète, il faut essayer d’influer sur le mode négatif de consommation des Algériens. Il ne faut pas se contenter de petites campagnes. Même chose pour les maladies cardiaques. Il faut frapper les imaginations. C’est cela la prévention primaire. Nous consommons beaucoup d’antidiabétiques, en particulier l’insuline, ce qui fait le bonheur des laboratoires nordiques et français. On ne peut produire de l’insuline parce que ce sont des procédés complexes. En matière de médicaments, l’investissement national, qui doit être important, doit se concentrer sur le générique, qu’il faut surveiller. Il faut qu’on soit sûr de leur bioéquivalence. Le médicament le plus récent est le plus cher.

L’Algérie ambitionne de réaliser, en partenariat avec des laboratoires américains, un centre de biotechnologie. Êtes-vous confiant quant à la réalisation de ce projet ?

Il ne faut pas croire aux illusions. Les Américains veulent s’installer chez nous juste pour faire des essais cliniques ? Comment peut‑on imaginer qu’ils vont produire des médicaments de dernière génération et les mettre gratuitement à la disposition des Algériens ? Pour mettre au point une nouvelle molécule, il faut parfois un investissement de 100 millions de dollars. Il faut savoir ce que l’industrie algérienne peut faire sous contrat. Encourager l’investissement productif.

Comment peut-on rétablir la confiance en la médecine publique alors que les responsables algériens se soignent presque tous à l’étranger ?

Il faut justement que les responsables donnent l’exemple. Je ne parle pas du président de la République. Il a droit à des égards. Il est arrivé que, dans certains pays très développés, on puisse demander l’avis d’un autre pays sur la santé d’un président. Mais chez nous, dès qu’un citoyen lambda accède à une petite responsabilité, il cherche une prise en charge pour aller se faire soigner à l’étranger. Il y a des limites. Parce que la confiance est rompue. En Algérie, il y a beaucoup de bons médecins qu’il faut organiser. On doit payer les gens à hauteur de leur sacrifice. Des fonctionnaires touchent trois fois plus qu’un médecin. Ce n’est pas normal.

Outre la pénurie de médicaments, les vaccins pour bébés manquent aussi chez nous…

L’Algérie était leader dans la lutte contre les maladies infectieuses, maintenant nous sommes confrontés à des problèmes de distribution. Pourtant, dans la lutte contre la tuberculose, l’Algérie a fait école dans le monde. Elle a mis au point un traitement contre la tuberculose vénéré dans le monde.

Les erreurs médicales sont nombreuses en Algérie. Avez‑vous des plaintes de la part de malades ?

Nous avons 200 dossiers de plaintes pour erreurs médicales. D’autres plaintes ont été déposées au niveau de la justice. Nous revendiquons la dépénalisation de l’erreur médicale. Souvent, des médecins qui ne sont pas responsables d’erreur médicale se retrouvent en prison. Un médecin n’est pas un délinquant.



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