Onze morts ont été recensés cette année, dans les chantiers de bâtiment de la wilaya de Jijel. Traduites à l'échelle nationale, de telles statistiques sont de nature à donner le vertige, tant les questions de sécurité sont reléguées à l'arrière-plan des préoccupations des entrepreneurs algériens de travaux publics.
A Jijel, pas moins de 185 accidents dans le secteur privé, contre 49 dans le secteur public et 17 au sein des entreprises étrangères sont le résultat de l'inobservation des règles élémentaires de sécurité à la fois par les entreprises et les travailleurs.
Ce n'est pas faute pourtant d'une vaste campagne de sensibilisation entreprise depuis de longues années par les organismes spécialisés à l'effet de lutter sérieusement contre les accidents de travail sur les chantiers de bâtiment et de travaux publics. Si les travailleurs sont souvent pris en défaut de porter le casque obligatoire, qui est souvent bien tenu à leur disposition, les entreprises pêchent, elles, par le manque de soins qu'elles accordent notamment à la pose des échafaudages, des échelles, des garde-fous et des grillages de protection.
Bricolés le plus souvent avec les matériaux disponibles, bois ou tuyaux, les échafaudages ne répondent presque jamais aux normes exigibles. Si le calage vertical est assuré dans la plupart des cas par des morceaux de briques creuses ou des bouts de planches qui n'offrent aucune stabilité, il est encore bien plus dangereux de laisser travailler des maçons, des coffreurs, des ferrailleurs ou encore des peintres sur des tables faites de simples madriers reposant librement sur des traverses et pouvant basculer à tout moment faute de fixation en bonne et due forme. Sans garde-fous, de surcroît, ces plateformes sont d'autant plus inacceptables que les montants qui les supportent sont constitués soit de bouts de planches ou de madriers peu solides, soit de tuyaux métalliques dits de serrurerie n'offrant pas les garanties de résistance indispensable.
Feignant d'oublier que les échafaudages se construisent sur la base de calculs techniques incontournables, les chefs d'entreprise du BTPH continuent fâcheusement de confier la tâche de leur pose à de simples maçons ou à des coffreurs incapables de mesurer les exigences de stabilité ou de résistance requises en corrélation directe avec la hauteur recherchée.
Quand toutes ces données techniques indispensables restent ignorées par les conducteurs de travaux, il n'est pas étonnant alors que les accidents surviennent et brisent parfois irrémédiablement des vies humaines.