Le Point.fr - 01/02/2012
par Emmanuel Berretta
Le favori des sondages décline l'invitation de Laurent Ruquier dans "On n'est pas couché". Il ne veut pas se mélanger aux saltimbanques.
C'est décidé : François Hollande renonce à s'asseoir dans le fauteuil de l'invité chez Ruquier, le samedi soir. On n'est pas couché n'aura pas l'honneur de sa visite. Le favori des sondages, qui a décidé de camper la posture d'un futur chef d'État retrouvant de la majesté, ne se mélangera pas aux saltimbanques. Certains y verront peut-être de l'arrogance. On notera toutefois une certaine cohérence dans la posture : François Hollande a abandonné le terrain des "petites blagues" pour incarner le sérieux de la fonction. Face à Ruquier, il s'épargne ainsi la tentation de répliquer par des jeux de mots et autres traits d'esprit dont il est coutumier dans le privé.
François Hollande a retenu les préceptes de Jacques Pilhan, le gourou de la "com" de François Mitterrand et de Jacques Chirac : pour être élu président, il faut se comporter comme tel durant la campagne électorale qui précède. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Laurent Ruquier invite l'ancien premier secrétaire du PS. Au moment de la primaire socialiste, il en avait été question. Et déjà, François Hollande avait renoncé afin de ne pas tomber dans les facilités de langage qu'implique l'infotainment. On peut aussi y voir un message politique plus profond : avec lui à l'Élysée, c'est la République qui sort du show-business.
En termes de répartition des temps de parole, pas de problème particulier. Il suffira qu'un socialiste, faisant partie de ses soutiens, le représente dans cet exercice où brillent les plus bateleurs des candidats. Chez Ruquier, Jean-Luc Mélenchon casse la baraque. Rien ne lui fait peur, ni la blague ni les outrances. Son image n'a rien à craindre d'une joute verbale avec Natacha Polony et Audrey Pulvar. Il est vrai que, pour François Hollande, le terrain de l'infotainment est plus glissant dans la mesure où il a construit, avec patience, depuis un an, une posture de sérieux peu compatible avec les calembours de Ruquier.
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