El-Watan - 24.12.2011
par Mina Adel
En civil ou en tenue, les policiers mobilisés pour empêcher le rassemblement des enseignants ce samedi matin devant la présidence n’ont pas lésiné sur l’usage de la force notamment vis-à-vis de ceux qui ne voulaient pas quitter les lieux.
11h à El Mouradia. Il n’y a plus, aux alentours de la présidence, que quelques ex-enseignants contractuels qui circulent individuellement ou en petits groupes sous le regard de dizaines de policiers.
Dès qu'ils sont identifiés, les protestataires sont vites renvoyés à bord des bus de l’Étusa ou conduit dans les commissariats.
Un bras cassé, une femme, la trentaine, refuse de prendre le bus comme le lui ordonne un policier en civil. Devant sa résistance farouche à quitter les lieux, des policiers l’embarquent de force à bord d’un véhicule de police. Des cris stridents fusent de l’intérieur. Les citoyens rassemblés autour de cette scène sont restés ébahis devant les coups assénés à cette femme.
Restée discrète sur le trottoir, une ex contractuelle, affirme que le bras de sa copine a été fracturé mardi passé suite au « déchaînement » des agents de la police sur les ex-contractuels qui ont observés durant plus de deux semaines un sit-in devant l’annexe du ministère de l’Éducation nationale à Ruisseau à Alger.
Une quarantaine de protestataires étaient conduits dans les commissariats avant la tenue du sit-in. « Ils nous ont embarqués. Il n’y a plus que quelques camarades à El Mouradia », nous a affirmé Mériém Maarouf, enseignante et ancienne présidente du Conseil national des enseignants contractuels (Cnec) affilié au Syndicat national autonome du personnel Snapap.
Prévu initialement pour demain dimanche, le sit-in a été avancé pour aujourd’hui suite a une réunion tenue hier. Ces recalés du secteur de l’éducation nationale croyaient que les chances d’accéder à El Mouradia seraient meilleures un samedi.
La présidence sous haute surveillance
Difficile d’accéder aux alentours de la présidence, au Golf. Les véhicules sont arrêtés en face du lycée Cheikh Bouamama (ex-Descartes). Les policiers procèdent à des contrôles d'identité minutieux : ceux venant prendre part à la manifestation des enseignants sont renvoyés d’office.
« Assurez-vous d’avoir sur vous vos papiers d’identité sinon vous risquez de forts ennuis au Golf », nous dit un chauffeur de taxi rencontré à Alger Centre. Selon lui une fouille est assurée depuis les premières heures de la journée par les dizaines de policiers placés en groupes aux alentours de la présidence.
Rares sont les enseignants contractuels à avoir atteint la placette du Golf, pour interpeller le président de la République sur leurs cas.
Il est à noter que ces ex-contractuels se disent convaincus que la décision signée par Bouteflika en mars dernier stipule la titularisation de tous les enseignants qui sont sur des postes vacants et que le ministre de l’Éducation nationale a, lui, instauré ses propres conditions.