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 Le roman français, ouvert au grand vent du monde

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Nassima

Nassima


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Date d'inscription : 02/06/2007

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MessageSujet: Le roman français, ouvert au grand vent du monde   Le roman français, ouvert au grand vent du monde EmptySam 17 Déc - 19:05

leplus.nouvelobs.com/contribution - 16.12.2011
par Dominique Léger

LE PLUS. Qu'il est bon de se laisser porter par un livre et s'évader, voyager... Une impression retrouvée dans "Kampuchéa", le roman de Patrick Delville. Pour Dominique Léger, passionné de littérature, la réussite du livre est liée à celle de "Limonov" d'Emmanuel Carrère.

"Le Monde comme il va" ou "Le Monde comme il va, vision de Babouc écrite par lui-même" est un conte philosophique de Voltaire en reflet de la société de son époque. Je m'interroge : la littérature – la grande puisque j'évoque un sommet de la langue et de l'esprit français, rend-elle compte du "monde comme il va" ? Assurément oui dans son ensemble ! Mais plus précisément, la littérature française contemporaine qu'agite une autofiction nombriliste ?

Deux livres primés


La rentrée automne 2011 apporte une réponse rassurante, qui désigne comme champions deux livres ouverts au grand vent du monde : "Limonov" d'Emmanuel Carrère et "Kampuchéa" de Patrick Deville. Le premier reçoit le prix Renaudot et, nouveauté (baroque), le "prix des prix" 2011 ; le second est désigné comme le roman de l'année par les journalistes du magazine littéraire "Lire" (qui désignent "Limonov" comme le meilleur récit).

Je connais les limites de ces médailles en chocolat mais enfin, passés entre les mains de lecteurs avisés, ils ne peuvent être complètement mauvais ! J'ai dit ici tout le bien que je pense de "Limonov", "mon roman de l'année". Me restait à découvrir, parmi de nombreuses autres lectures, l'autre favori de ces dames et messieurs.

"Les Jaunes sont devenus rouges"

Avril 2010 : les Chemises rouges agitent Bangkok... J'entre dans "Kampuchéa" comme dans un film où s'affichent des lettres, une par une, pour légender chaque séquence du temps et du lieu de l'action ; dont la frappe rythme le tempo guerrier de l'Histoire en marche... Nuit du 17 au 18 avril 1975 : L'Angkar ["Organisation" des Khmers rouges] vide la capitale Phnom Penh (et simultanément ou presque toutes les villes cambodgiennes) de ses habitants, massacrés ou envoyés en rééducation dans les campagnes.

"Les Jaunes sont devenus rouges […] Le stalinisme s'installe à Hanoï [Saigon est tombé douze jours après] et le polpotisme à Phnom Penh [...] Trois ans, huit mois, vingt jours [...] Un ou deux millions de Cambodgiens disparaissent, entre un quart et un tiers de la population." Au nom des Lumières et de la Révolution française... avec un net penchant pour la Terreur. Pol Pot est mort, assassiné par l'Angkar ; hier, on a jugé Douch le frêle bourreau du centre de torture S-21 ; demain, on jugera d'autres 'frères numérotés'."

Le Kampuchéa et particulièrement le site archéologique d'Angkor est le "moyeu" d'une roue qui pendant plus d'un siècle, entre Inde et Chine, broie les peuples, massacre les hommes, débaptise les villes, déplace les frontières : Thaïlande, Laos, Vietnam... et Cambodge ! À la Roue du "Samsara" des bouddhistes – le cycle des renaissances et de la souffrance, Anglais et Français, puis Américains, Russes et Chinois donnent un coup de pouce... "Tout ce contre quoi voulaient lutter, à juste titre, quelques étudiants idéalistes du tiers monde."

Une méditation vagabonde sur l'histoire moderne

Le roman remonte les fleuves et suit le cheminement hasardeux des explorateurs, scientifiques au cœur pur et littérateurs en mal d'aventure. Henri Mouhot, chasseur de papillon qui redécouvre les ruines d'Angkor enfouies dans la jungle, est le très habile fil rouge du roman, le Mékong son fil d'Ariane.

Patrick Deville se souvient. Il se souvient des "rêves de table rase" de sa jeunesse, qui se posent en Amérique latine, en Europe et en Asie, qu'il relie au printemps arabe ; il se souvient et rend un hommage ému à ses grands anciens, Conrad, Loti, Malraux... poussant jusqu'au Coppola d'"Apocalypse now" (inspiré d'un roman de Conrad). Inscrivant ainsi son récit dans une méditation vagabonde sur l'histoire moderne : "[Malraux] sait que les civilisations naissent et meurent. Que les vivantes à leur apogée pillent les perdantes. C'est ainsi. Bonaparte son obélisque égyptien, les Anglais les frises du Parthénon, un jour les Chinois la tour Eiffel. On leur a bien pété leur palais d’Été avec les Anglais, quand on était les cadors."

Exigeant mais formidable

Quelque peu exigeant par son exotisme – à lire un atlas sous le coude et Wikipedia à portée d'index, "Kampuchéa" est un roman formidable, du bel ouvrage qui met une écriture énergique et chic, quasi poétique – "Les peuples passent, comme la houle du vent dans le riz en herbe." –, au service de la conscience de la planète Terre et de l'éveil de ses habitants.

Histoire et géographie, reportage et littérature, politique et destins individuels, les autres et un zest d'ego... voilà un style qui s'impose dans l'offre contemporaine en langue française. Emmanuel Carrère et Patrick Deville (tous deux nés en 1957 !) s'inscrivent en acteurs surdoués de cette résurgence de la littérature monde. Avec elle, "je me voyage" comme nous le suggère Julia Kristeva !


"Limonov" d’Emmanuel Carrère chez P.O.L. - 489 pages, 20 €
"Kampuchéa" de Patrick Deville au Seuil Fiction et Cie - 253 pages, 20 €


(http://leplus.nouvelobs.com/contribution/223748;le-roman-francais-ouvert-au-grand-vent-du-monde.html)
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