La Syrie est elle aussi contaminée par les révoltes secouant le monde arabe

Damas est aux prises depuis quelques jours avec une puissante révolte populaire demandant, comme partout ailleurs dans le monde arabe, l'ouverture du champ des libertés et des droits de l'homme abusivement confisqués. Le régime de Bachir-el-Assad, une autre dictature vieille de près d'un demi-siècle, si l'on estime que le pouvoir est resté entre les mêmes mains, de Assad père au fils, use à son tour d'une répression sauvage pour venir à bout des revendications populaires légitimes.

C'est ainsi que les forces de police ont tiré à balles réelles aujourd'hui sur les 10 000 manifestants réunis à Deraa, dans le sud du pays. Un mort au moins et 100 blessés ont été enregistrés, d'après les militants des droits de l'homme sur place. Ils viennent s'ajouter aux 4 morts et aux centaines de blessés relevés vendredi toujours dans la même localité.

La révolte gronde depuis trois jours dans ce patelin, et elle fait face à une répression aveugle commise par des policiers mais aussi des agents sans uniforme appartenant sans doute à la police politique, comme il en existe aussi dans différents pays arabes, qui usent de ce moyen médiéval pour perpétuer les régimes en place.

Il est vrai que jusqu'ici les manifestations auxquelles avaient appelé les jeunes Syriens sur Facebook n'ont pas drainé grand monde autour d'eux, mais, depuis la chute des tyrans de Tunis et du Caire, elles semblent intéresser désormais davantage de citoyens, désireux eux aussi de se débarrasser d'un carcan très usé qui les étouffe.

Le pays, où l'état d'urgence est proclamé depuis 1963, vit en vérité en vase clos, sous une dictature des plus ringardes qu'il est plus que jamais temps de balayer aussi.

En dépit du déploiement massif de troupe militaires aux portes de la cité, les manifestations se sont poursuivies aujourd'hui à Dera, une ville distante de 120 km au sud de la capitale syrienne, à la faveur de l'enterrement de Raëd Akrad, 23 ans, tué hier par la force publique.

"Les manifestants ont scandé, au retour du cimetière, des slogans tels que : "Révolution, révolution", "Dieu, la Syrie, liberté et c'est tout", provoquant ainsi des contrôles d'identité opérés par les militaires postés en différents points de l'itinéraire, rapportent les agences de presse.

Hier, la foule a incendié le siège du parti Baas au pouvoir, des tribunaux et des représentations de compagnies de téléphone mobile.

Paris a condamné la brutalité de la répression exercée contre des manifestations voulues pacifiques au départ. "La France condamne les violences qui ont fait plusieurs morts et de nombreux blessés parmi les manifestants réunis vendredi, samedi et dimanche à Deraa", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. "La France appelle les autorités syriennes à libérer toutes les personnes détenues pour avoir participé à des manifestations, en raison de leurs opinions ou de leurs actions en faveur de la défense des droits de l'homme", a ajouté Valéro, avant de poursuivre : "Elle engage son gouvernement à répondre par des réformes aux aspirations exprimées par le peuple syrien."