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 Pour Rachid Tlemçani, la fin de règne serait plus terrible que prévue

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Arthémis
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Arthémis


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Pour Rachid Tlemçani, la fin de règne serait plus terrible que prévue Empty
MessageSujet: Pour Rachid Tlemçani, la fin de règne serait plus terrible que prévue   Pour Rachid Tlemçani, la fin de règne serait plus terrible que prévue EmptyJeu 6 Jan - 22:47

D.N.A. - Jeudi, 06 Janvier 2011
Propos recueillis par Nordine Bacha

Interview de Rachid Tlemçani

Le docteur Rachid Tlemçani, professeur à l’université d’Alger, a exercé en tant qu’enseignant-chercheur dans plusieurs centres de recherche universitaires, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis (Harvard, Georgetown University…). Il a à son actif plusieurs publications dans des revues spécialisées. Élections et Élites en Algérie, est son dernier ouvrage, publié par les éditions Chihab (Alger). Dans cet entretien accordé à DNA, il nous fait part de son éclairage analytique sur le mouvement des émeutes qui secouent aujourd'hui l'Algérie et ses enjeux politiques.

DNA : Un grand mouvement de protestation à travers le pays a marqué l’année 2010. Comme une trainée de poudre, ce mouvement a pris une autre dimension en ce début d’année 2011. Quelle est votre première analyse de la situation ?

Rachid Tlemçani : Les dernières augmentations faramineuses des prix des produits de première nécessité ont fait sortir brutalement les gens dans la rue. Très étrange, les pouvoirs n’ont cessé depuis les derniers mois de l’année passé de mettre en garde les Algériens sur l’augmentation des prix des produits de première nécessité. Dans cette perspective, nous avons assisté à des pénuries de ces produits (pain, lait, huile..) dans plusieurs régions du pays. Comme prévu, les prix flambent en effet le lendemain du nouvel an 2011, alors que les salaires de l’ensemble des travailleurs sont gelés. Etrange coïncidence, les salaires des forces de sécurité sont substantiellement augmentés en ce début d’année.

Un hasard ou un calcul ?

Pour mériter le nouveau salaire, le message décodé semble signifier qu’il ne faut pas avoir peur des émeutes. Rappelons que, selon certaines estimations, plus de 10.000 émeutes ont jalonné l’année 2010. L'émeute est quasi quotidienne, presque banalisée, et n'intéresse même plus les dirigeants. La classe politique, toutes tendances confondues, ne pense qu'à la présidentielle de 2014. Les élites passent le plus clair de leur temps à échafauder des scénarios et complots pour garder le pouvoir et se partager la rente au lieu d’encadrer le mouvement social.

Ce mouvement est-il une poussée de fièvre sans lendemain ou s’inscrit-il dans la durée ?

La grogne populaire en Algérie risque de perdurer, à l’instar du mouvement de protestation tunisien qui dure depuis plus de deux semaines. Les émeutes qui ont lieu dans les quartiers populaires d’Oran et d’Alger en ce début de cette nouvelle année nous laissent croire que ce mouvement sera plus violent que dans les autres pays arabes. Ce qui est extraordinaire c’est que l’opinion publique croit dur comme fer que seule la violence paie dans un pays où les institutions électives mises sur place à coups de milliards de dinars sont des coquilles vides et ne servent qu’à légitimer des prébendes.

Peut on faire des analogies avec les émeutes d’octobre 1988 ?

Les événements de janvier 2011 nous rappellent étrangement ceux d’octobre 1988. La lutte de clans dans les arcanes du pouvoir a trouvé son épilogue dans la rue au détriment de l’intérêt national. Les blessures de ces événements ne se sont pas cicatrisées complètement qu’apparaissent de nouvelles plus béantes que les précédentes. En effet, l’actuelle lutte pour la magistrature suprême du pays a commencé avant même l’intronisation du président Abdelaziz Bouteflika pour le quatrième mandat. Le calcul fait c’est qu’il ne sera pas en mesure de terminer son mandat par incapacité physique, et par conséquent la course à la présidence sera moins fermée que les précédentes. Mais comme son frère cadet a clairement montré ses ambitions présidentielles, la prise de la citadelle est devenue plus problématique que par le passé.

Comment décrivez-vous cette course au pouvoir ? En regroupant les éléments essentiels de ce puzzle peut-on élaborer un scénario bien précis ?

C’est la crise interne du FLN qui a relancé en effet la course à la présidentielle. Cette crise qui secoue depuis l’été passé ce parti a trouvé rapidement son épilogue lorsque son secrétaire général a fait une mise au point au Comité Central. Il a en effet déclaré que « le président Abdelaziz Bouteflika serait le candidat du FLN en 2014 si Dieu le veut ». En faisant cette mise au point, le secrétaire général de l’ex-parti unique s’exclut de cette course, qui a commencé avant l’heure, et il cède sa place au président d’honneur du FLN, du moins pour le moment.

Ce dénouement est-il associé aux déclarations de Sid Ahmed Ayadi, un obscur président du Rassemblement pour la Concorde Nationale (RCN), faites au quotidien Djazairs News ?

Cet épilogue est lié d’une certaine manière aux déclarations de Sid Ahmed Al Ayachi, un prétendu président du Rassemblement pour la Concorde nationale ( RCN), parti non agréé. Al Ayachi a annoncé dans une interview au quotidien Al Djazair News, parue mardi 21 décembre, que Said Bouteflika, frère du président de la République, envisage de se présenter à l’élection présidentielle de 2014 dans le cas où son frère renoncerait à se succéder à lui-même. Selon Al Ayachi, le frère cadet du président est soutenu par les zaouias du pays, dont la Tidjania, et par d’anciens retraités de l’ANP. « Saïd n’est pas le seul à cautionner notre action, mais ce sont plusieurs courants et personnalités politiques nationales. Nous estimons pour ce qui nous concerne que l’année 2011 sera celle des agréments », a-t-il déclaré. A en croire Ayachi, c’est finalement l’ensemble des comités de soutien à Abdelaziz Bouteflika pour le 3ème mandat qui seront redéployés pour soutenir ce candidat à la magistrature suprême du pays.

Mais Al Ayachi est revenu rapidement sur ses déclarations pour se déjuger totalement...

Ce scénario est, selon lui, monté de toutes pièces, notamment la préparation du congrès du parti RCN, la récolte des 2 millions de signatures, le soutien des zaouias, et son intention de succéder à son frère à la présidence de la république en 2014.

Comment expliquez-vous alors que Al Ayachi se soit rapidement rétracté ? A-t-il subi des pressions ? S’agit-il d’un fabulateur ? Ce scénario nécessite-t-il une maturation pour le rendre public ?

Rappelons tout d’abord que dans ce pays, rien ne se fait gratuitement, « there is no free lunch » comme diraient les Américains. Tout est calculé. La clase politique passe le plus clair de son temps à faire et défaire le monde au lieu d’être sur le terrain. Les émeutes en Tunisie nous enseignent que la société civile de ce pays s’est révélée être finalement beaucoup plus avancée que la notre. Lors de ces événements, la jeunesse tunisienne a bénéficié de l'appui actif des partis politiques, des syndicats et des ONG.

Et en Algérie ?

En Algérie, le mouvement social se trouve seul face à un appareil de sécurité omnipotent. Lorsque la politique n’est pas institutionnalisée, tous les coups bas sont donc permis, « tague ala min tague », comme dirait un leitmotiv bien connu chez nous.

Attribuez-vous la crise actuelle au verrouillage politique et médiatique du pays ? Quels sont les préalables de sortie de crise ?

En effet le jeu politique a été fermé de tous les temps, c’est pourquoi la crise de légitimité perdure. Plus gravement encore cette crise a produit un immobilisme dévastateur pour l’intérêt national. Les éléments structurants de la crise sont non seulement encore présents dans la configuration politique actuelle, mais encore la crise est devenue plus déstabilisante qu’avant. L’ouverture démocratique a été rapidement fermée une fois que l’opposition a été récupérée dans la lutte des clans.

Tout compte fait les institutions électives ne jouent pas leurs fonctions…

Elles n’ont pas permis l’émergence d’un pouvoir intermédiaire entre gouvernement et gouvernés et entre État et peuple. Bien au contraire, elles ont consolidé l’État sécuritaire dans le monde arabe. On a une situation bizarre. D’un côté, il y a un front social en ébullition, des émeutes partout à travers le territoire national. De l’autre, ces luttes ne sont pas traduites au niveau politique. L’on constate même que l’opposition institutionnalisée n’a pas de projet de société; elle est déconnectée de la réalité de ses militants. Une situation explosive guette pourtant le pays, elle risque d’emporter tout sur son passage. Dans un tel scénario, tout le monde serait perdant. Autant donc ouvrir le champ politique et audiovisuel pour tous les acteurs, réels et virtuels. Autrement la fin de règne serait plus terrible que prévue par les scénarios maison.
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