Des émeutes souvent sanglantes s'étendent à de nombreuses villes algériennes
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Ifker
Amar
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M'hand
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M'hand
Nombre de messages : 434 Date d'inscription : 10/05/2007
Sujet: Des émeutes souvent sanglantes s'étendent à de nombreuses villes algériennes Jeu 6 Jan - 0:42
Des émeutes contre la cherté des produits alimentaires se sont déclarées en fin de journée dans le quartier de Bab-el-Oued, à Alger, avant de s'étendre, semble-t-il, à Tipaza et Koléa, du côté est de la corniche, annonce une dépêche de TSA.
Les manifestants munis de barres de fer se sont attaqués à des magasins qu'ils ont démolis, accusant leurs propriétaires d'avoir délibérément relevé notablement les prix des produits de large consommation ces derniers jours. Ils ont par suite brûlé des pneus et des voitures, avant d'essayer d'investir les locaux du commissariat de police de la place des "3 Horloges", d'où ils ont été refoulés par des tirs d'armes automatiques chargées à blanc, dit la dépêche.
À 22 heures, la situation serait toujours stationnaire, les renforts de police arrivés sur les lieux essayant de contrôler les mouvements de foule.
Moussa
Nombre de messages : 165 Date d'inscription : 13/03/2009
Sujet: Re: Des émeutes souvent sanglantes s'étendent à de nombreuses villes algériennes Jeu 6 Jan - 19:45
Les émeutes se propagent un peu partout dans le pays, depuis hier. L'agitation s'était déclenchée à Oran au même moment où à Bab-el-Oued et dans quelques localités de la corniche algéroise les manifestants affrontaient les policiers et incendiaient trois de leurs véhicules ainsi que des véhicules neufs d'une concession Renault du quartier.
Aujourd'hui elles se sont étendues à Rouiba, Bordj-el-Kiffan (ex Fort-de-l'eau), Bouira, Boumerdès et surtout Bordj-Menaïel, une localité située à 60 km d'Alger, où l'on déplorait 40 blessés dès 16 h. Les manifestants y ont fermé les routes, attaquant les forces de l'ordre à coups de pierres.
À Akbou, dans la wilaya de Béjàïa, les manifestants ont pris d'assaut la poste qu'ils ont saccagée; avec des bouteilles Molotov, ils ont incendié le tribunal récemment rénové. Ils auraient vers la fin de la journée assiégé le commissariat de police.
Dans le lotissement "Michel" de Bachdjarah, à l'Hussein-Dey et au quartier "l'Appreval" de Kouba que l'agitation a gagnés en début d'après-midi, les violences ont été, d'après les journaux, d'une tout autre nature. Pendant que de nombreux manifestants se trouvaient aux prises avec les forces de l'ordre, des jeunes voyous ont profité du désordre pour casser et piller les magasins et autres locaux d'entreprises, d'agences comme celle de Djezzy, l'opérateur téléphonique égyptien, etc.
Amar
Nombre de messages : 256 Date d'inscription : 27/05/2007
Sujet: Re: Des émeutes souvent sanglantes s'étendent à de nombreuses villes algériennes Ven 7 Jan - 22:56
L'accalmie n'aura duré que la matinée de ce vendredi. Dès la fin de la prière de 13 h 30, les Algériens sont ressortis dans les rues pour manifester leur colère contre la vie chère mais aussi contre le pouvoir et l'arrogance d'un homme sénile qui tient à finir ses jours sur son fauteuil présidentiel en laissant la succession à sa progéniture, comme dans une dynastie.
Alger et sa banlieue sont en effet en ébullition et même pendant la nuit. Oran, Constantine, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Sétif, Annaba, Boumerdès et bien d'autres villes du pays ne sont pas en reste, puisque les échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre s'y poursuivent.
Jusqu'ici il n'est fait état que de dégâts matériels : des vitrines et des abribus brisés, des locaux et des véhicules de l'État saccagés ou incendiés, des routes coupées, mais fort heureusement l'on ne déplore pas de morts sauf peut-être des blessés dans les deux camps.
Ifker
Nombre de messages : 132 Date d'inscription : 22/08/2009
Sujet: Re: Des émeutes souvent sanglantes s'étendent à de nombreuses villes algériennes Dim 9 Jan - 18:46
Il semble plutôt relatif le calme un instant revenu ce matin dans la plupart des localités algériennes embrasées ces derniers jours. La Kabylie est la seule région pour l'instant où les manifestations ont repris au milieu de la journée, avec leurs cohortes de blessés, de casses et autres dégâts occasionnés aux biens publics et privés.
Au plan politique, comme il fallait s'y attendre, le conseil interministériel qui s'est tenu hier sous la présidence du Premier ministre aura finalement accouché d'une souris. Non seulement les soi-disant mesures d'apaisement prises prendront fin dès le 1er septembre prochain mais surtout ces mêmes mesures, qui n'ont pas été rédigées sous le contrôle de spécialistes, sont pour l'essentiel incohérentes.
Elles comportent trois mesures en faveur de deux produits seulement : le sucre et l'huile, à l'exclusion donc des produits céréaliers qui posent également problème. La première concerne l'exonération des droits de douane dus à hauteur de 5 %. Certes, il s'agit là d'une petite aide qui profite au consommateur, mais son impact reste très limité. La seconde accorde étrangement l'exonération de la TVA au profit des producteurs et des importateurs. Sous réserve que cette TVA disparaisse - ce serait une grave entorse à la législation - de l'ensemble de la chaîne des prix allant du producteur au consommateur, oui son incidence, soit 17 % de la valeur hors taxe, est considérable et constitue un acquis de taille. Dans le cas contraire, les services fiscaux gagneraient à en définir le contour exact... La troisième se rapporte à l'exonération de la taxation à l'IBS de 19 ou 20 %, selon l'activité de l'opérateur (producteur ou distributeur). Elle est dite sans objet et n'est ajoutée à la liste que pour faire nombre afin d'apaiser la colère des révoltés. Cet impôt ne participe en aucun cas en effet à la formation du prix de revient et son exonération a pour seul effet de grossir l'assiette imposable à l'IRG du contribuable concerné. En d'autres termes, le consommateur ne profite nullement d'une telle mesure.
Dès que les journaux auront expliqué en détail la nature exacte de ces mesures, il est possible que les populations en tirent des raisons de mécontentement et reprennent leurs protestations bruyantes dans la rue.
Ghania
Nombre de messages : 273 Date d'inscription : 14/05/2007
Sujet: Re: Des émeutes souvent sanglantes s'étendent à de nombreuses villes algériennes Lun 10 Jan - 19:45
Si les émeutes, aujourd'hui, ont cessé partout en Algérie, sauf à Bachdjarah, un quartier d'Hussein-Dey en banlieue d'Alger, où de nouvelles échauffourées ont été enregistrées à cause d'une opération de la police visant à déloger du marché les camelots installés illégalement, il reste qu'en Kabylie des manipulateurs tendent d'inverser le cours des choses, selon le bureau régional du RCD.
Apparemment, "des manipulations de tout acabit et des dérapages que veulent lui imprimer des groupuscules tapis dans l’ombre et qui sont proches du cercle du Premier ministre actuel », orchestrées à partir de la Maison de la Culture de Tizi-Ouzou, voudraient donner aux manifestations de ces derniers jours un autre sens qui profiterait au pouvoir en place.
Sans les désigner nommément, le RCD viserait sans doute les anciens agitateurs des Arouchs dont le mouvement s'était disloqué de lui-même, dès lors que le peuple de Kabylie qui le soutenait s'est rendu compte que ce mouvement servait en réalité les intérêts d'Ouyahia, le Premier ministre, à seule fin de les conforter, lui et son maître Bouteflika, au pouvoir.
Aussi, le communique du RCD prévient-il avec raison : « Lorsqu’on a été rejeté par la population, pour avoir monnayé le sang des martyrs du Printemps noir, la décence voudrait que ces sinistres individus se fassent oublier de la mémoire collective. »
Oussan
Nombre de messages : 274 Date d'inscription : 05/04/2007
Sujet: Re: Des émeutes souvent sanglantes s'étendent à de nombreuses villes algériennes Mar 11 Jan - 0:16
Selon un bilan non encore confirmé au niveau du ministère de l'Intérieur, les émeutes qui ont secoué la plupart des wilayas algériennes depuis le 5 janvier dernier s'établit à : 5 morts, 800 blessés dont 763 policiers et gendarmes et plus de 1100 arrestations.
D'ores et déjà des centaines d'inculpés ont été présentés devant le parquet, tandis que des centaines d'autres, jugés trop jeunes, ont été remis en liberté. Tous ceux, en tout cas, qui ont été pris en flagrant délit d'incendie, de vol ou de destruction des biens publics et privés devront répondre de leurs actes à la justice, prévient le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia.
Tel n'est pas l'avis de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme qui estime qu'il ne s'agit pas de répondre par "un traitement policier et judiciaire à des questions politiques". Elle demande par conséquent une amnistie générale pour l'ensemble des inculpés ou prévenus.
Tinhinane
Nombre de messages : 233 Date d'inscription : 12/05/2007
Sujet: Re: Des émeutes souvent sanglantes s'étendent à de nombreuses villes algériennes Mer 12 Jan - 20:57
Rachid Malaoui, interviewé par TSA, donne un point de vue qui n'est pas sans intérêt sur la situation politique en Algérie, au lendemain des manifestations de jeunes qui ont ébranlé le système en place. Il dit nombre de vérités connues de tous mais pour lesquelles il faudrait sans doute un assaut du genre de celui d'octobre 1988 pour les faire entendre par Bouteflika et ses compères. ******************************************************************************** TSA - 12.01.2011 Rachid Malaoui, président du syndicat Snapap à TSA « L’Algérie risque de connaître les mêmes problèmes que la Somalie » par Riyad Hamadi
Rachid Malaoui, président du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap) analyse les émeutes contre la cherté de la vie et met en garde contre la « somalisation » de l’Algérie. Dans un entretien accordé à TSA (lire l’intégralité en arabe), M. Malaoui a indiqué qu’il avait « prédit des protestations violentes et non organisées dans le pays ». « A première vue, la hausse des prix du sucre et de l’huile est à l’origine des émeutes, mais les jeunes qui ont manifesté n’achètent pas ces produits et ne son donc pas concernés », a-t-il remarqué.
Le président du Snapap a ajouté que la hausse des prix touche de nombreux autres produits. « Les jeunes ont perdu définitivement l’espoir. Il n’y a aucune évolution sociale, ni politique. Ils ont perdu l’espoir de se marier, de trouver un logement et d’évoluer. Ils constatent la généralisation de la corruption », a-t-il ajouté.
M. Malaoui a estimé également que « les jeunes sont écœurés par l’impunité dont bénéficient des responsables corrompus dans les ministères qui volent et dilapident l’argent de l’Etat ». « Aujourd’hui, pour obtenir un papier administratif, les jeunes sont obligés de donner un pot‑de‑vin », a‑t‑il dit. Les jeunes constatent comment d’autres personnes achètent des voitures de luxe, érigent des villas dans des temps records, a ajouté M. Malaoui.
Le président du Snapap a déploré la marginalisation par les autorités des syndicats, partis et organisations de droits de l’homme. Il regrette également le manque de libertés individuelles. « Le régime a corrompu des partis politiques, des organisations et des syndicats qui applaudissent et approuvent ses décisions », a-t-il dit.
Lorsqu’un ministre qui est impliqué dans le scandale de Sonatrach n’est pas inquiété, le gouvernement envoie un mauvais signal à la population, a estimé M. Malaoui. « Le gouvernement ne s’intéresse pas aux préoccupations de la population parce qu’il est occupé par les luttes intestines du régime », a‑t‑il encore dit.
Les émeutes contre la cherté de la vie ont « montré que le pouvoir n’a pas de stratégie et ne comprend pas les préoccupations du peuple », a estimé M. Malaoui. « Les décisions prises pour faire baisser les prix profiteront au commerçant et à l’importateur. Le peuple qui a protesté n’a par contre rien obtenu », a-t-il ajouté.
Le président du Snapap a commenté le silence du président Abdelaziz Bouteflika qui n’a rien dit sur les émeutes et la révolte des jeunes. « Ce n’est pas la première fois qu’il ne parle pas au peuple qu’il sollicite uniquement pour les élections. Il n’y a pas d’institutions démocratiques qui obligent le président à parler au peuple », a-t-il dit.
M. Malaoui a appelé à la libération des personnes arrêtées lors des émeutes. Il suggère en outre que les responsables ayant échoué soient sanctionnés. « Nous sommes inquiets pour l’avenir du pays. Si les choses restent en l’état, l’Algérie risque de connaître les mêmes problèmes que la Somalie », a-t-il conclu.
Redflane
Nombre de messages : 173 Date d'inscription : 08/06/2007
Sujet: Re: Des émeutes souvent sanglantes s'étendent à de nombreuses villes algériennes Dim 16 Jan - 21:38
Le député Tarik Mira a fait un commentaire sur la situation sociale assez intéressant qui explique les débordements enregistrés ces dernières semaines en Algérie. Le voici tel qu'il l'a fait publier dans le site lematin.dz : ****************************************************************************************** Le peuple doit prendre son destin en main
Lematin.dz - Par Tarik MIRA - 16 Janvier, 2011
Quelques jours après la promulgation de la loi de finances 2011, des émeutes à caractère social ont éclaté à travers l’ensemble du territoire national. Elles ressemblent à s’y méprendre à celles d’octobre 1988 par leurs causes et leur composante sociologique.
Les mobiles de ces manifestations de ras-le-bol relèvent du marasme social et économique, d’absence de perspectives, résumés en une expression : la cherté de la vie. Les produits de base tels que le sucre, l’huile et la semoule sont devenus tout à la fois chers, objets de spéculation et, pour le lait en pochettes – substance du pauvre – rare. Pour acquérir ce fameux breuvage, il faut « faire la chaîne », de triste souvenir. Ce geste met en évidence la marginalisation d’une catégorie importante de la population et fait naître en soi de l’humiliation. Le légitime sentiment d’injustice est issu du dangereux rétrécissement du pouvoir d’achat et du décalage entre cette lente descente aux enfers pour les plus faibles et l’existence d’une énorme manne financière, mal gérée et/ou en partie détournée. Même la classe moyenne n’échappe pas à la crise due à la cherté de la vie. À l’évidence, le taux d’inflation officiel est truqué.
L’impunité judiciaire et l’immunité politique de la classe dirigeante, combinées à la corruption de celle-ci, exacerbent le sentiment de révolte d’une jeunesse qui veut bénéficier de la richesse nationale et vivre dans la liberté et la dignité. Tout esprit doué de raison comprend cette logique, mais l’échec du pouvoir provient certainement d’une mauvaise gouvernance et du manque d’ambition pour le pays. Octobre 1988 et ses conséquences n’ont pas guéri le système en place de son péché mignon : l’exercice du pouvoir pour le pouvoir. Le mal est ancien et profond.
En l’absence d’intermédiation crédible, parce que la société civile est muselée, les syndicats autonomes surveillés, les médias lourds aux ordres et le Parlement politiquement soumis alors qu’il est constitutionnellement déjà faible, les contestations, récurrentes depuis un certain nombre d’années, s’expriment violemment et s’en prennent souvent au patrimoine public, voire aux biens privés. Le pouvoir craint ce genre de révolte par son possible effet de contamination et éventuellement sa récupération politique, même si, au final, il arrive à maîtriser la situation par un dosage de répression et de pourrissement. La tâche est aisée quand il n’y a pas d’organisation qui structure la contestation, lui fixe des buts et la coordonne sur le terrain. Une fois l’événement maîtrisé, les mêmes méthodes seront reconduites et la prochaine tempête s’annoncera. Un jour, toutes les digues céderont dans un fracas assourdissant.
Le verrouillage de tous les canaux d’expression et l’interdiction de manifester dans les rues d’Alger, capitale et centre névralgique du pays, aboutissent logiquement à ce genre d’expression violente et désorganisée.
Face à cette situation, où les premiers morts sont annoncés, le pouvoir demeure étrangement muet. Devant l’ampleur de l’événement, ce silence donne le vertige. Est-ce un signe de contradictions non réglées ? On ne sait si ce mutisme est dû à de la désorientation ou à du mépris. Ce qui est sûr, c’est que le mépris n’a jamais occasionné que davantage de destructions et de victimes.
Avant tout, il faut arrêter la malédiction de l’écoulement du sang, épreuve fatale pour les hommes et pour tout projet. Adopter des mesures sociales et économiques pour enrayer la cherté de la vie est également une nécessité. Mais si elles ne font pas l’objet d’un accompagnement politique, elles resteront vaines car les mêmes causes produiront les mêmes effets.
Dans cette perspective, la levée de l’état d’urgence est un premier palier pour établir le dialogue entre les divers acteurs de la société et instaurer les mécanismes de concertation et de régulation de la vie publique. Le déverrouillage politique, médiatique et social est une autre condition pour réamorcer le processus démocratique. Les luttes populaires et pacifiques centrées sur les droits – politiques et sociaux – et les libertés – individuelles et collectives – sont les garants d’une démocratie effective, meilleure protection des plus faibles. La plus grande subversion est de se saisir des instruments de lutte liés à cette philosophie et à cette stratégie pour permettre au peuple algérien de prendre son destin en main. Seul un nouveau processus de légitimation fondé sur la volonté populaire peut asseoir un pouvoir crédible et audible. La diversification de l’économie, la lutte contre la corruption et la distribution équitable des richesses ne peuvent être que l’œuvre d’un pouvoir à la légitimité incontestable.
L’Algérie ne manque pas d’atouts pour aller dans ce sens. Il faut faire preuve d’imagination, d’audace et de responsabilité.
Tarik MIRA Député de Béjaïa, Algérie.
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Des émeutes souvent sanglantes s'étendent à de nombreuses villes algériennes