Nouvelle provocation israélienne en Syrie

Une dépêche AFP, tombée il y a deux heures, annonce qu’un regain de tension vient d’être signalé à Damas, par suite d’une violation de son espace aérien par l’aviation israélienne, ce matin même à l’aube.

Venus de la Méditerranée, à une vitesse crevant le mur du son, des avions israéliens ont apparemment pénétré dans l’espace aérien syrien, d’où la DCA les aurait délogés et contraints à lâcher leurs bombes, sans faire de victimes ni occasionner des pertes matérielles.

Bien qu’Israël, comme d’ordinaire, se soit refusé à tout commentaire, tout semble indiquer que l’intrusion de ses forces aériennes, pour l’énième fois au-dessus du ciel syrien, n’est sans doute pas la dernière. Périodiquement, en effet, comme pour vérifier la vigilance des forces syriennes ou mesurer leur potentiel de réaction, les avions israéliens semblent défier Damas en sillonnant à leur guise et impunément son espace aérien. On rappelle même que la dernière intrusion, du 28 juin 2006, s’était produite près de Lattaquié, au-dessus du palais présidentiel.

N’ayant jamais signé jusqu’ici de traité mettant fin à leur confrontation armée, les deux pays se considèrent en effet toujours en état de bélligérance.

On en sait aujourd’hui un peu plus sur le raid mystérieux israélien du 6 septembre dernier sur la Syrie.

Repérés dès leur entrée, par la Méditerranée, dans l’espace aérien syrien, les avions israéliens avaient aussitôt essuyé des tirs de la DCA qui les ont forcé à lâcher leurs bombes et à rebrousser chemin, en passant par la Turquie, où d’ailleurs des réservoirs de carburants vides largués ont donné lieu, par suite, à des demandes d’explication d’Ankara, auprès de Jérusalem.

Nombre de commentaires de presse donnent, depuis cette date, des versions différentes de cet acte hostile. CNN, en particulier, croit savoir, en se référant à des sources militaires américaines non dévoilées, que les chasseurs israéliens auraient détruit un convoi d’armes à destination du Hezbollah.

Le New York Times considère, lui, qu’il s’agissait d’un vol de reconnaissance ayant pour objet de photographier des sites nucléaires.

Israël, en se refusant de réagir aux accusations syriennes, donne ainsi la preuve de sa confusion devant l’opinion internationale.

Il reste au Conseil de sécurité, saisi, hier, par Damas à l’effet de réagir à cette provocation, de donner, à son tour, l’autre preuve de son incapacité d’intervenir, le véto américain restant toujours pendant pour bloquer toute initiative pouvant gêner son fidèle allié, Israël.

Le New York Times, cité par Le Monde d'aujourd'hui, revient sur le bombardement israélien du 6 septembre dernier en Syrie.

Il précise, cette fois, que les avions israéliens visaient un site soupçonné d'abriter un réacteur nucléaire en cours d'édification.

S'appuyant sur des informations puisées au sein des services secrets américains, le journal américain indique que Tel-Aviv, par ce raid, confirme sa volonté d'empêcher tout voisin de concevoir quelque projet nucléaire.

Il faut se rappeler qu'un ministre en exercice du cabinet israélien s'est même félicité, il y a quelques jours, du succès de l'opération du 6 septembre.

Bachar El-Assad, le président syrien, aurait donc menti en déclarant, dans un premier temps, que le bombardement israélien n'avait atteint aucune cible, et dans un second, qu'il avait touché un bâtiment militaire désaffecté.