Dans l'Algérie des voleurs, des corrompus et surtout des assassins barbares qui roulent les mécaniques en toute liberté, les crimes sinon les plus immondes du moins les plus immoraux sont tolérés mais pas l'usage de la plume pour dénoncer les abus quels qu'ils soient, surtout quand ils mettent en cause l'État et ses dirigeants.
Ahmed Rouadjia, un professeur, docteur d'État en histoire et sociologie politique, le paie désormais de sa personne, puisqu'il vient d'être condamné en appel à six mois de prison ferme et 20 000 DA d'amende, pour avoir tout simplement, dans le journal El-Watan du 10 mai 2008, fait état de certaines carences constatées dans l'université même où il est enseignant.
Le condamné vient de faire appel auprès de la Cour suprême, dernière instance susceptible de casser le jugement éhonté dont il est l'objet, tout en affirmant sa disponibilité à payer au besoin sa "dette" à la société : « si cette affaire aidera à mettre en exergue les problèmes de l’université, je suis prêt à purger la peine », a-t-il dit au micro d'El-Watan. Il a même ajouté, stoïque : « Je préfère être condamné pour un délit d’opinion que pour corruption ».
Poursuivi pour diffamation, pour avoir surtout souligné le caractère précaire de la situation des enseignants de l'université, Rouadjia a été en sus suspendu de ses fonctions et privé de salaire.