L'Algérie se qualifie pour le mondial 2010

Dans un stade bondé et une atmosphère explosive ayant marqué le match dit d'appui opposant l'Egypte à l'Algérie, qui s'est déroulé ce soir à Khartoum (Soudan), les Fennecs, autrement dit les Algériens, ont remporté la victoire par un but à zéro, à la quarantième minute.

Comment, d'ailleurs, pouvaient-ils perdre, ces Fennecs, qu'une dizaine de milliers de compatriotes dépêchés en toute hâte à Khartoum se sont fait fort d'encourager et de porter aux nues sur le stade ? A l'inverse du match de samedi dernier joué au Caire, le nombre de supporters algériens déplacés s'est trouvé quasiment sinon plus élevé que celui des supporters du camp adverse, du moins égal. Aussi, autant a-t-on, comme samedi dernier, sifflé l'hymne national, autant l'hymne égyptien a été plus fortement chahuté et avec insistance. C'est dire que les Egyptiens n'avaient plus, à Khartoum, l'avantage du nombre.

Devant un public surchauffé, les Fennecs ont démontré leur supériorité en dominant durant 90 minutes l'équipe des Pharaons. Bien que celle-ci ait donné le meilleur d'elle-même, en faisant état de ses réelles capacités d'offensive, elle n'a pu inscrire aucun but. En deux ou trois belles occasions, elle a raté ses chances de marquer, à cause de la vigilance constante et remarquable du gardien de but algérien. Prenant parfois de gros risques, ce dernier n'a pas hésité à arrêter ou à parer, chaque fois, les tirs périlleux adverses.

Si l'Egypte, ce soir, s'en est sortie, enfin, sonnée par une défaite incontestable, l'Algérie, elle, jubile. Ses citoyens, en masse, envahissent, triomphants, villes et villages avec force coups de klaxons, pour clamer leur immense joie. La foule, bardée de drapeaux, défile, chante, danse et crie son bonheur.

C'est en effet pour la troisième fois, après 1982 et 1986 que l'Algérie représente l'Afrique en Coupe du Monde.

Ses joueurs ont, certes, un long chemin à faire avant de parvenir à se mesurer valablement avec les grandes équipes européennes, mais ils ont au moins le mérite de s'être distingués sur leur continent.

Loin de s'apaiser, les relations entre l'Algérie et l'Egypte continuent non seulement de se dégrader mais de courir vers le pourrissement, du côté particulièrement du Caire.

Non contents d'avoir agressé les joueurs adverses, samedi dernier, sur le chemin de leur hôtel, mais aussi les supporters adverses sur le chemin contraire du retour vers l'aéroport du Caire, les Egyptiens poursuivent leurs dénigrements, leurs vociférations, leurs insultes, traitant les Algériens de nains, de barbares, d'égorgeurs, etc.

Aujourd'hui les choses en sont arrivées au point carrément de rupture, puisque Moubarak d'Egypte a rappelé son ambassadeur à Alger, dans la soirée d'hier. De plus, des centaines de Cairotes s'en sont pris à l'ambassade algérienne du Caire, qu'ils ont envahie de jets de pierres, de quolibets et autres injures qui ne les honorent guère. Quand on sait qu'ils ont aussi brûlé des centaines de drapeaux algériens, force est de craindre que la situation ne se dirige tout droit vers l'éclatement.

D'ores et déjà, une première réaction de l'Algérie a été rendue publique. L'ambassadeur égyptien à Alger a été convoqué ce matin au ministère des Affaires étrangères pour expliquer l'attitude belliqueuse des médias de son pays.

De l'autre côté, Moubarak et ses deux enfants, qui dirigent apparemment ensemble le pays, s'escriment à exiger tantôt une protection des biens égyptiens en Algérie, tantôt le remboursement des dégâts occasionnés à ces derniers, quand ils n'invoquent pas, à mots à peine couverts, un possible affrontement armé avec Alger. Le rejeton aîné de Moubarak s'est ainsi même promis de frapper l'Algérie "à sa tête". Une telle déclaration de guerre donne la mesure des tensions extrêmement délétères qui agitent le pays des pyramides, à l'issue d'un... simple match de football, dont il digère mal la défaite.

Il est vrai, ne l'oublions pas, que deux pays d'Amérique latine s'étaient déclaré la guerre dans les années soixante, à cause précisément d'un autre match du ballon rond.

Poursuivant sur leur lancée, les Egyptiens brandissent désormais la menace d'en découdre militairement avec l'Algérie.

En vérité, il n'y a là qu'un simple effet de manche. L'Egypte d'hier comme d'aujourd'hui et de demain n'a pas même les moyens de tirer de la mouise ses millions de pauvres malheureux qui continuent encore aujourd'hui de croupir, en les encombrant, dans les canalisations où ils élisent domicile de longue date déjà. Les Cairotes sont au mieux juchés, tels des harengs, dans des réduits insoupçonnables érigés sur des terrasses d'immeubles en ruines. Ils suscitent plutôt la pitié, quand on sait qu'une certaine frange de la société vit dans un luxe arrogant et tapageur.

N'oublions pas, d'ailleurs, que, en 1967 comme en 1973, c'est l'ensemble des pays arabes qui s'étaient unis dans un effort commun pour supporter les efforts de la guéguerre engagée par le Caire contre Israël. L'Algérie, en particulier, avait pris en charge le renouvellement d'une bonne partie de la flotte aérienne totalement détruire au sol par les Juifs, en un laps de temps. Nasser et les siens, ne faisaient alors que fanfaronner et présumer de forces qu'ils n'ont jamais eues.

De là donc à craindre des bombinettes de ce malotru de Moubarak ou de sa progéniture, c'est tout simplement manquer de bon sens.

Contre toute attente, le gouvernement de Bouteflika vient quasiment de notifier sa reddition au Caire. Par la voix du ministre des Affaires étrangères, Medelci, il a laissé entendre qu'il n'a jamais été question de rompre les relations avec l'Egypte. Lui emboîtant le pas, le ministre de l'Industrie, Chakib Khellil, annonce de son côté qu'il se rendra au Caire le 16 prochain, pour des discussions à propos de la mise en place d'une société d'intérêt commun impliquant directement Sonatrach.

Dans les propos de l'un comme de l'autre, il est plutôt question de calmer les esprits, les affaires n'ayant rien de commun avec le sport.

Pour les journaux algériens, ces deux déclarations s'apparentent à une douche froide administrée au peuple. Ce dernier, en bloc, avait eu le front de défier l'Egypte et ses dirigeants qui s'étaient bassement illustrés par des actes aussi éhontés qu'inacceptables, lors du dernier match de coupe du monde de football. Dans une campagne orchestrée au sommet par le régime de Moubarak, des supporters égyptiens avaient attaqué et blessé des joueurs et des supporters algériens sur la route conduisant les premiers à leur hôtel du Caire, les seconds du stade à l'aéroport. Le pire est que ces actes incompréhensibles ont été suivis d'une chasse aux résidents algériens donnée à grande échelle dans toute l'Egypte.

L'Algérie, au tirage au sort réalisé aujourd'hui en Afrique du Sud, devra jouer dans le pool comprenant l'Angleterre, les Etats-Unis et la Slovénie.

Son premier match, elle devra l'engager avec la Slovénie, et les pronostics lui sont d'ores et déjà défavorables. L'équipe adverse est en effet l'une des meilleures d'Europe qui aspire à décrocher le titre mondial.

Les équipes anglaise et étasunienne restent elles aussi très performantes et de classe internationale très avancée. Elles n'auront guère de mal à écraser l'équipe algérienne.

Il faudra donc s'attendre à ce que cette dernière ne réussisse pas à franchir le cap vers les huitièmes de finale, quels que fussent les efforts que ses joueurs puissent faire. Et les Egyptiens, à leur place, n'auraient guère fait mieux.

En définitive, toute la polémique qui a suivi la rencontre entre l'Algérie et l'Egypte n'aura finalement servi à rien.

Tandis que le ministre de l'Education, Benbouzid, annonce à Tizi-Ouzou le retour du Caire de 1600 étudiants algériens, à la suite des démêlés de l'Algérie et de l'Egypte, et leur prise en charge par l'université algérienne, une autre dépêche accrédite l'idée que Moubarak et Bouteflika doivent se rencontrer incessamment, sur l'initiative d'un émir du Golfe arabique, pour se rabibocher. L'on ajoute même qu'un match amical de football, destiné à sceller les retrouvailles entre les deux pays, est projeté dans les semaines à venir.

Pour le gouvernement algérien, c'est sans doute là l'occasion vivement attendue pour reprendre langue avec le Caire, sentiments de prétendue "fraternité" obligent. Quant à la réaction du peuple, Bouteftifa et ses acolytes n'en ont cure. L'essentiel pour ces derniers est de rétablir le climat dicté par l'arabo-islamisme qui les lie à l'Egypte.

De l'autre côté, Moubarak a beaucoup à y gagner : ses entreprises activant en Algérie pourraient ainsi reprendre leurs activités et permettre le transfert d'importantes sommes en devises pour soulager son économie. Djezzy, entre autres, qui vit sur le dos des contribuables algériens est une société florissante qui a pignon sur rue à Alger et distribue d'importants dividendes à la nomenclatura algérienne qui y est partie prenante mais surtout à la famille Moubarak dont le fils détiendrait le gros du capital.

Après avoir ahané durement pour arriver en demi-finale de la Coupe africaine des nations, l'Algérie a perdu, hier, contre l'Egypte par 4 buts à 0. Un résultat aussi désastreux donne à douter des capacités réelles de son équipe.

Dès les premières minutes du match, une malencontreuse faute d'un joueur algérien ayant eu lieu dans la surface de réparation a débouché sur un pénalty, qui a permis à l'équipe adverse de marquer et à l'arbitre béninois de distribuer un premier carton jaune au goal algérien.

Le jeu s'est poursuivi dans une espèce de cafouillage, où l'équipe algérienne a dû concéder de nouveaux buts à l'Egypte, tout en offrant des occasions à l'arbitre de distribuer d'autres cartons rouges, réduisant ainsi l'équipe perdante à 8 joueurs.

Le résultat n'aura donc guère été à la hauteur des espérances algériennes, qu'une précédente victoire contre la même Egypte à Khartoum permettait d'augurer.