Tandis que des coups d'éclat récurrents des Talibans provoquent la consternation dans les rangs des occupants, les Etats-Unis s'interrogent sur la question d'injecter de nouveaux renforts sur le terrain des combats en Afghanistan.
Selon la dernière vidéo, circulant là-bas à Kaboul, un grave revers a été subi par la police locale, le 17 août dernier, au nord du pays. Une quarantaine de flics ont été, à cette occasion, désarmés et humiliés par une demi-douzaine de Talibans solidement armés qui les avaient accrochés dans une embuscade. N'ayant pas reçu les renforts attendus, les policiers ont fini, au bout de six heures de combat, par céder sous la pression de leurs assaillants. Ils ont déposé les armes et se sont laissé dévêtir, avant d'être renvoyés dans leurs quartiers à bord des mêmes véhicules qu'ils avaient empruntés en venant. L'événement s'est déroulé quelques jours seulement avant le vote des présidentielles, et ces policiers étaient précisément occupés à la distribution des urnes dans les centres de vote.
A la suite de coup de force, des rumeurs insistantes accréditent la thèse que le sommet du pouvoir en Afghanistan jouerait de connivence avec les Talibans, d'autant que les bourrages d'urnes en faveur du candidat sortant seraient intervenus dans les zones contrôlées par eux.
Quand on additionne l'ensemble des attaques engagées ces derniers mois, parfois avec un succès retentissant, par les Talibans contre les forces d'occupation, l'on comprend pourquoi le général en chef américain, McChrystal, opérant sur place, vient de demander de nouveaux renforts. Pour ce dernier, en effet, faute de troupes supplémentaires suffisantes sur le théâtre des opérations, rien n'est moins sûr pour la coalition de remonter le courant. Prenant en considération l'impact négatif sur les populations des massacres d'innocents lors des bombardements aériens, cet officier reste convaincu qu'il faudrait un miracle pour contrebalancer les avantages gagnés politiquement ainsi par l'adversaire. Le peuple est acquis désormais aux Talibans, à cause aussi du personnel corrompu à tous les niveaux de l'administration mise en place par les forces occupantes.
Maintenant donc que se dessine concrètement une possible collusion entre le régime de Karzaï et les Talibans, les coalisés, et à leur tête les Américains, semblent tentés de faire valoir l'échec des dernières élections pour disqualifier justement Karzaï qui s'est autoproclamé élu. Rien n'exclut dans ce sens l'organisation d'un second tour de scrutin, qui ouvrirait assurément de meilleures perspectives à son challenger.
Un tel bourbier, qu'on était sans doute très loin d'imaginer il y a seulement un an ou deux, place désormais l'ensemble des pays coalisés dans une situation d'autant plus préoccupante qu'aucune issue de sortie vraiment satisfaisante n'est envisageable à court ou moyen terme.