Un nouveau scandale BNA devant les juges

Vingt et une personnes viennent d’être déférées devant le procureur de la République, près le tribunal de Bab-el-Oued, à Alger, dans le cadre de l’affaire BNA – Achour Abderrahmane.

L’on se souvient de l’extradition, à partir du Maroc, en novembre dernier, de cet homme et de trois de ses complices qui avaient trouvé refuge dans ce pays voisin, où, d’autre part, ils avaient commencé à se lier au milieu des affaires, grâce au détournement fait à la BNA à hauteur de la bagatelle de 32 milliards de dinars.

Le parquet, en sus du problème grave posé par les tenants et aboutissants de ce détournement extravagant réalisé, encore une fois, aux dépens d’une banque dite sérieuse et bien organisée, doit encore résoudre l’épineuse question de la sortie illégale du territoire de ce quarteron de prévenus. Et c’est là d’ailleurs la raison d’être de l’inculpation concomitante d’anciens hauts responsables de la police de Tipaza et de l’ex directeur de la clinique de la Police (dont le père est ambassadeur en exercice à Paris), dont il s’agit de déterminer les responsabilités respectives dans l’aide apportée à la fuite vers l’étranger des inculpés, d’un côté, et au maquillage grossier d’une enquête policière diligentée sur une présomption de détournement, d’autre part.

Achour, qui aura à se justifier à propos des nombreux chèques en bois et traites creuses et croisées, grâce auxquels il a pu soutirer à la BNA la coquette somme de 32 milliards de dinars, devra en même temps éclairer ses juges sur la nature des complicités qui lui ont profité, ainsi que du prix payé pour corrompre tant de monde autour de lui.

Si nombre de gens compromis dans cette affaire sont aujourd’hui à la disposition de la justice, il reste cependant que deux autres sont passés à travers les mailles du filet pour aller chercher refuge hors du territoire.

Enfin, s’agissant là encore de crédits consentis à l’inculpé par une banque primaire, après accord sans nul doute de la BCA censée les financer, cette dernière fera-t-elle l’effort d’explique à son tour sur quelles bases a-t-elle cédé aux demandes nécessairement présentées par la BNA ?

Selon les journaux de ce matin, deux commissaires de police, l’ancien chef et son adjoint de la P.J. de Tipaza ont donc été incarcérés, dans le cadre de cette affaire. En revanche, l’ancien chef de la sûreté de la même wilaya a été placé en liberté provisoire et l’ex directeur de la clinique des Glycines mis sous contrôle judiciaire. Tous les autres policiers et commerçants concernés par ce dossier conserveront enfin leur statut de témoins.

Par ailleurs, ont été inculpés les responsables des agences BNA de Bouzaréah, de Zighoud Youcef, de Cherchell, de Koléa ainsi que l’ex PDG de la BNA, l’inspecteur général, le directeur régional, le directeur d’exploitation, en sus de deux commissaires aux comptes, de deux experts comptables et du directeur du service informatique.

L’association de malfaiteurs, la dilapidation de deniers publics, les faux en écriture bancaire, l’escroquerie et l’émission de chèques sans provision sont au nombre des chefs d’inculpation requis contre eux tous.

J'ai piqué ce papier, signé M. Abi, du blog de Benchicou, l'ancien directeur du journal Le Matin, et accessible par le lien suivant :
http://benchicou.unblog.fr/
Comme il m'a paru d'un certain intérêt pour les lecteurs de thilelli, j'ai préféré le donner, ici, en entier, après y avoir apporté de très légères retouches de ponctuation.

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"Le fils de l’ambassadeur d’Algérie en France, Missoum Sebih, commissaire de police, vient de quitter le territoire national pour l’Espagne, apprenons-nous de sources crédibles.

Mohamed Sebih, qui occupait le poste de directeur de la clinique Les Glycines dépendant de la direction générale de la sûreté nationale (DGSN), a quitté l’Algérie vers ce pays, après avoir récupéré son passeport dès que le contrôle judiciaire auquel il était soumis eut été levé, ajoutent ces sources.

Le fils de l’ambassadeur d’Algérie en France a été mis sous contrôle judiciaire, dans le cadre de l’enquête sur l’émission d’un faux rapport de police disculpant Abderahmane Riyad Achour, principal accusé dans l’affaire de dilapidation des 3 200 milliards de centimes d’agences BNA.

La restitution de son passeport suscite des interrogations, sachant que, dans ce genre d’enquêtes, les magistrats sont tenus de prendre toutes les mesures conservatoires pour éviter que les mis en cause n’échappent à la justice et, d’autre part, pour s'assurer de leur présence au cours de l’instruction. Cette affaire est justement toujours en cours d’instruction.

L’enquête menée par les autorités a permis de découvrir que ce rapport établi en 2005 a été remis au principal accusé précité, dans un bar à Paris. C’est suite à des instructions du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, contenues dans une correspondance, datée du 2 mars 2006 et adressée au directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), qu’une enquête a été ouverte concernant l’établissement d’un faux rapport de la sûreté de wilaya de Tipasa, qui disculpe Abderrahmane Riyad Achour, et les conditions dans lesquelles ce faux document est parvenu à l’avocat de ce principal accusé au Maroc.

Un faux rapport établi par de hauts gradés de la police à l’insu d’Ali Tounsi. L’enquête a été menée par le service de la police judiciaire de la sûreté de wilaya d’Alger et le dossier remis au tribunal de Bab-El-Oued.

L’affaire des 3 200 milliards devant la Cour suprême
Dans son rapport adressé au procureur général près la Cour d’Alger, le procureur de la République près le tribunal de Bir-Mourad-Raïs note que « Le faux rapport n’a pas été enregistré et qu’aucune copie n’a été adressée au directeur général de la Sûreté nationale ». Il ajoute que « Ce sont les commissaires de police H.B., chef du service de la police judiciaire de la sûreté de wilaya de Tipasa, et A.K., du même service, qui ont établi ce faux rapport sur un appel téléphonique du commissaire divisionnaire de police E.Z., ancien chef de la sûreté de wilaya de Tipasa » et que ce faux document a été signé par le commissaire de police H.B., à la place du chef de la sûreté de wilaya de Tipasa. Il précise enfin que « Ce faux document a été remis à Abderrahmane Riyad Achour par Mohamed Sebih, commissaire divisionnaire de police, directeur de la clinique Les Glycines, relevant de la police, selon le témoignage de son ami A.D. »

Ce faux rapport, qui faisait état de « relations commerciales légales » entre Abderrahmane Riyad Achour et la BNA, avait été utilisé par le principal accusé, dans l’affaire de dilapidation des 3 200 milliards de centimes de cette banque, afin d’empêcher son extradition du Maroc vers l’Algérie. Cette affaire de dilapidation, de laquelle est apparue celle de ce faux rapport de police, est instruite actuellement au niveau de la Cour suprême après l’appel introduit par Abderrahmane Riyad Achour et consorts par rapport à la décision de la chambre d’accusation près la cour d’Alger de transférer le dossier de cette affaire au tribunal criminel près cette cour pour procès, apprenons-nous par ailleurs de source judiciaire."