Le discours de Netanyahou se mesure au pipi de chat

Le fameux et grand discours tant attendu de Netanyahou, Premier ministre de Tel Aviv, s'est avéré finalement un non-événement. Il s'adressait non aux Palestiniens mais exclusivement à Obama qui avait tenté de lui forcer la main à reprendre langue avec les adversaires palestiniens. Le président US y voit d'ailleurs un premier pas positif même si tout le monde s'accorde à reconnaître que Netanyahoo n'a rien dit d'encourageant et qu'il est resté égal à lui-même, autrement dit un extrémiste de droite cultivant l'espoir de réaliser le grand Israël biblique s'étendant du Tigre à l'Euphrate.

Frisant l'insolence et le ridicule, Netanyahou assortit l'acceptation de la création d'un Etat palestinien à de multiples conditions aussi inconcevables qu'illusoires. Il exige de ses ennemis rien moins que de reconnaître Israël comme Etat du peuple juif, que leur futur Etat soit démilitarisé, ne dispose ni d'armée, ni de contrôle aérien, ni de faculté de laisser entrer des armes, ni n'entretienne des relations avec l'Iran ou le Hezbollah. Autrement dit, il laisse clairement entendre qu'il met les Palestiniens dans une vaste cage où ils resteront à sa merci, le temps qu'il décide sans doute un jour de les expulser vers d'autres horizons comme l'idée en était venue aux empires coloniaux du 19è siècle.

Abusant de sa force, Netanyahou rejette toute forme de coup d'arrêt à la colonisation qui se poursuit en Cisjordanie aux dépens des Palestiniens et en complète infraction des résolutions iniques qui ont décidé de la création de l'Etat juif. Il exclue enfin toute perspective pour les Palestiniens émigrés de se réinstaller dans leur pays.

Le Premier ministre israélien oublie seulement qu'il n'est pas seul à décider aussi abusivement du sort d'un peuple qui a été injustement délogé de ses propres terres pour que ses coreligionnaires l'y remplacent au nom des errements de l'Europe et surtout de l'Eglise. Le jour viendra bien où la communauté internationale aura suffisamment assez des excentricités de la juiverie mondiale pour lui montrer son fait. Les consciences commencent d'ailleurs à s'éveiller au besoin de remettre les pendules à l'heure, maintenant qu'il est démontré que l'antisémitisme israélien a assez duré.

Un article publié dans Le Monde diplomatique revient sur cette question, sous le titre "Quel Etat palestinien". Comme son auteur le souligne, en fait de quel Etat parle-t-on ? à présent que le territoire est morcelé à des titres divers au profit exclusif des Israéliens.

Il mérite d'être intégré en totalité ici :
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QUEL ETAT PALESTINIEN ?

Toute la communauté internationale semble d'accord sur un point : les Palestiniens ont droit à un Etat vivant en paix aux côtés de l'Etat d'Israël. Cette position qui fut celle du gouvernement israélien de M. Olmert était contestée par M. Benjamin Nétanyhou. Il vient de s'y rallier dans son discours du 14 juin.

Mais de quoi parle-t-on quand on prononce le mot d'Etat palestinien ? Tout le monde est loin d'en avoir la même conception. M. Nétanyahou accepterait un Etat démilitarisé, privé de Jérusalem, amputé des terres sur lesquelles se sont construites des colonies, dont l'espace aérien et sans doute les frontières seraient contrôlés par Israël. Dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, cela s'appelait un bantoustan (Pretoria avait créé des bantoustans « indépendants » pour les Noirs, mais la communauté internationale avait refusé de les reconnaître).

La conception de l'opposition israélienne dirigée par Mme Tzipi Livni ne diffère pas vraiment de celle de M. Nétanyahou. Et les quatre ans où son parti, Kadima, a été au pouvoir, n'ont pas avancé d'un pas vers la création d'un Etat palestinien - en revanche, ce parti du « centre » allié à la « gauche » a mené deux guerres, une contre le Liban et l'autre contre Gaza.

Alors, de quel Etat parle-t-on ? Cette focalisation sur le terme d'Etat met de côté toutes les résolutions des Nations unies qui affirment que la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza sont, depuis 1967, des territoires occupés, et qu'Israël doit s'en retirer. Les colonies abritent désormais un demi million d'Israéliens, un nombre qui n'a cessé de croître sous tous les gouvernements successifs.

La carte que nous vous proposons d'acheter et d'afficher illustre de manière lumineuse « les faits accomplis » en Cisjordanie. La Palestine est désormais réduite à un archipel de petits îlots, enserrés dans des colonies, des camps militaires, qui rongent chaque jour un peu plus le territoire laissé aux Palestiniens. Sur ce territoire, un Etat viable peut-il être construit ?